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Les promesses de la STEVIA
Le dernier en date des édulcorants arrivés sur nos marchés est un petit jeune plein d’avenir. Non seulement, il aide à la perte de poids mais encore, il semble avoir des propriétés anti-hypertensives, antidiabétiques, antioxydantes et anti-inflamatoires.
On parle d’«épidémies jumelles» à propos de l’augmentation parallèle de l’incidence de l’obésité et de celle du diabète. Mais si on ne dispose toujours pas d’arguments décisifs pour considérer que la consommation de saccaharose affecte directement le développement du diabète, il est acquis que la consommation d’aliments riches en saccharose est responsable d’un gain de poids et perturbe la tolérance au glucose. Une consommation importante de fructose peut être responsable, elle, de dyslipémie et d’augmentation de l’adiposité. Et pourtant la consommation de ces sucres sous toutes les formes ne cesse d’augmenter, alors que toutes les sociétés scientifiques ne cessent de recommander la modération. C’est dire que le besoin de substituts est important, car il est très difficile pour le public de se déshabituer du goût sucré. Il est aujourd’hui reconnu que les édulcorants ont le potentiel de contribuer à la perte de poids, bien qu’il n’y ait pas encore de recommandations officielles quant à leur utilisation dans le contrôle du poids corporel.
Pas de prise compensatoire
La stévia, récemment arrivée sur les marchés d’Europe occidentale (elle est commercialisée au Japon depuis une vingtaine d’années), est un édulcorant dont la structure chimique est celle d’un stévioside. Elle est extraite des feuilles de la plante qui lui a donné son nom, Stevia rebaudiana Bertoni. La stévia est un édulcorant naturel qui peut s’utiliser comme substitut du sucre ou même à la place d’autres édulcorants. Elle entre donc dans le cadre des stratégies de contrôle du poids. Mais elle semble bien présenter d’autres avantages encore. Anton et al.(USA) ont testé les effets d’une prise préprandiale de stévia, d’aspartame et de saccharose, sur la prise d’aliments, la sensation de satiété et sur la glycémie et sur l’insulinémie post-prandiales. Dix-neuf sujets sains (BMI 20,00 – 24,9) et 12 patients obèses (BMI 30,0 – 39,9) âgés de 18 à 50 ans ont effectué trois tests séparés au cours desquels chaque participant a pris le matin, après un jeune de 12 heures, un petit déjeuner fournissant 469 kcal. Dans la journée, ils ont ensuite pris, 20 minutes avant le lunch et le repas du soir, un «preload» composée de thé et de biscuits contenant l’un des agents sucrants évalués, à concurrence de 400 g. Des prises de sang ont été effectuées juste avant le preload et le lunch, ainsi qu’une demi-heure, une heure et deux heures après ce repas. Malgré la différence d’apport calorique entre les preloads, il est apparu que les participants ne compensaient pas en augmentant leur prise alimentaire au lunch et au repas du soir. La satiété, exprimée sur une échelle visuelle analogique, ne différait pas d’un type de preload à l’autre. Le preload à la stevia a significativement diminué la glycémie post-prandiale par rapport au preload au saccharose et l’insulinémie post-prandiale était significativement plus basse après un preload de stevia qu’avec les deux autres substances. Les participants ont estimé que leur sensation de satiété, évaluée sur une échelle visuelle analogique, était équivalente après les trois types de surcharge. On peut donc conclure que la stevia participe bel et bien à la diminution des apports caloriques alimentaires.
Antihypertensive
Ce n’est pas là le seul intérêt de la stévia. Dans une étude multicentrique randomisée, en double aveugle et contrôlée contre placebo, a été menée en Chine avec 106 personnes âgées de 28 à 75 ans, présentant une hypertension artérielle avec une pression artérielle diastolique entre 95 et 110 mmHg. Soixante d’entre ces personnes ont reçu des capsules contenant de la stévia, à prendre 3 fois par jour, tandis que les 46 autre recevaient un placebo. Les participants ont été revus tous les mois pendant un an. Après 3 mois, la pression sanguine systolique et la diastolique avaient significativement diminué dans le groupe qui avait reçu le stevioside (systolique, de 166,0 ± 9,4 à 152,6 ± 6,8 mm Hg; diastolique, de 104,7 ± 5,2 à 90,3 ± 3,6 mm Hg). Et l’effet s’est maintenu pendant toute l’année de suivi des patients. Aucun effet indésirable n’a été enregistré et les paramètres biologiques, que ce soient les lipides ou le glucose, n’ont pas été significativement modifiés. La qualité de vie a été totalement préservée. la conclusion est cette fois que la stevia peut contribuer au traitement de l’hypertension artérielle.
De bonnes surprises
On n’est pas encore au bout de l’inventaire des propriétés intéressantes de ce nouvel édulcorant. Des études expérimentales, en effet, s’intéressent aux propriétés antidiabétiques d’une part, aux propriétés anti-oxydantes de la substance, d’autre part. Et les résultats obtenus chez des animaux ou in vitro sont très prometteurs. On commence aussi à parler d’activité anti-inflammatoire. Il faudra donc suivre l’évolution des connaissances à ce niveau mais tout porte à croire qu’il y aura encore d’heureuses surprises.
Dr Jean Andris
Références:
Anton SD, Martin CK, Han H et al. Effects of stevia, aspartame, and sucrose on food intake, satitey, and postprandial glucose and insulin levels. Appetite 2010; 55: (1): 37-43.
Chan P, Tomlinson B, Chen YJ. A double-blind placebo-controlled study of the effectiveness and tolerability of oral stevioside in human hypertension. Br J Clin Pharmacol, 2000; 50: 215-20.
Mattes RD, Popkin BM. Nonnutritive sweetener consumption in humans: effects on appetite and food intake and their putative mechanisms. Am J Clin Nutr 2009; 89: 1–14.
Fengyang L, Yunhe F, Bo L. Stevioside Suppressed Inflammatory Cytokine Secretion by Downregulation of NF-κB and MAPK Signaling Pathways in LPS-Stimulated RAW264.7 Cells. Inflammation. 2012; 35(5): 1669-75.
Yadav SC, Yadav SK, Sood A et al. Development of antidiabetic nanomedicine from stevioside. J Biomed Nanotechnol. 2011 Feb;7(1):54-5.
Stoyanova S, Geuns J, Hideg E et al. The food additives inulin and stevioside counteract oxidative stress. Int J Food Sci Nutr. 2011; 62(3): 207-14.
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