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Une fatigue bien compréhensible

Personne ne s’étonnera que la personne atteinte d’un cancer soit fatiguée. Mais ce qui est surprenant, c’est que l’exercice physique semble pouvoir améliorer cette fatigue.

Nous n’apprendrons rien à personne en disant que le patient cancéreux ressent une lourde fatigue. Celle-ci s’explique de plusieurs manières. Il y a le poids du diagnostic et la dépression plus ou moins marquée qu’il entraîne, dans les premiers temps au moins. Il y a ce qu’on pourrait appeler le «coût énergétique» de la maladie elle-même, avec des cellules cancéreuses qui sont très énergivores, notamment à cause de leur cinétique propre et des cycles futiles qui caractérisent leur métabolisme. L’anémie qui touche beaucoup de patients est une autre cause de fatigue. Le traitement est lui aussi un important facteur de fatigue. Enfin, il y a toutes les démarches administratives et autres que la maladie peut imposer, y compris les déplacements pour être traité. Tous les types de cancer sont concernés et on peut l’illustrer avec quelques-uns d’entre eux. Ainsi, dans le cancer avancé de la prostate, la déprivation androgénique est source de toute une série d’effets secondaires, au rang desquels figure la fatigue1. Le même constat a pu être fait chez des patients atteints d’un cancer de la tête ou du cou. La chimiothérapie, la radiothérapie et même la chirurgie ont non seulement des effets directs mais encore sont-ils potentiellement cause de douleur, d’immobilité, de fonte musculaire consécutive à l’inactivité, de raideurs articulaires, de déconditionnement et de fatigue2.

Un rôle pour l’exercice

L’aide à apporter aux patients, quel que soit le cancer dont il souffre et quel que soit le stade de ce dernier, comprend plusieurs aspects, qui bien sûr doivent être adaptés à sa situation spécifique. Les explications qu’on lui fournit sur sa maladie et sur son traitement ont sur le plan psychique une importance capitale. Mais il faut aussi s’efforcer de traiter les symptômes et chacun d’entre eux mérite un traitement spécifique. Curieusement, pour ce qui concerne la fatigue, il s’avère de plus en plus évident que l’exercice physique puisse être bénéfique. Une revue systématique de la littérature a conclu, en 2005 déjà, que l’activité physique apportait une amélioration du bien-être psychique, du tonus physique, des nausées et de la diarrhée, de la dépression et de l’anxiété, des problèmes de sommeil et … de la fatigue3. Même la survie s’en est trouvée améliorée. Dans le cas du cancer avancé, les hommes qui pratiquaient 90 minutes de promenade par semaine à un rythme normal, voire rapide, avaient un risque de décès pour toutes causes de 0,46 par rapport à ceux qui en faisaient moins ou qui ne pratiquaient pas d’activité physique4. Et ce n’est là qu’un exemple: la littérature médicale propose de nombreuses études qui aboutissent à des conclusions semblables.

Fournir de l’énergie

Une enquête menée aux USA en 20095 a montré que chez les hommes ayant survécu à un cancer du côlon, la seule variable qui permettait de prédire le recours à des adjuvants basés sur des notions biologiques, comme les suppléments nutritionnels, était la fatigue. Les traitements complémentaires visant à améliorer l’activité des mitochondries, véritables fabriques d’énergie pour les cellules, semblent bénéfiques dans ces circonstances. Un essai clinique a été réalisé avec une thérapeutique à base de lipides, dont le mécanisme d’action consistait à stimuler l’activité des mitochondries, a montré des bénéfices dans la lutte contre la fatigue chez des patients victimes de cancers de divers types6.

Dr Jean Andris

Références:

1. Scotté F. The Importance of supportive care in optimizing treatment outcomes of patients with advanced prostate cancer. The Oncologist 2012; 17(suppl 1): 23–30.

2. Karthikeyan G, Manoor UK, Supe SS. A comprehensive review of head and neck cancer rehabilitation: physical therapy perspectives. Indian J Palliat Care. 2012; 18(2): 87–97.

3. Knols R, Aaronson NK, Uebelhart D et al. Physical exercise in cancer patients during and after medical treatment: a systematic review of randomised and controlled clinical trials. J Clin Oncol 2005; 23: 3830-42.

4. Kenfield SA, Stampfer MJ, Giovannucci E et al. Physical activity and survival after prostate cancer diagnosis in the health professionals follow-up study. J Clin Oncol 2011; 29: 726-32.

5. Stein KD, Kaw C, Crammer C. The role of psychological functioning in the use of complementary and alternative methods among disease-free colorectal cancer survivors. A Report From the American Cancer Society’s Studies of Cancer Survivors. Cancer 2009; 115(18 suppl): 4397-408.

6. Nicolson GL. Lipid replacement therapy: a nutraceutical approach for reducing cancer-associated fatigue and the adverse effects of cancer therapy while restoring mitochondrial function. Cancer Metastasis Rev 2010; 29: 543–552.


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