Par Nicolas Guggenbühl
" HEALTH & FOOD " numéro 47,
Juin 2001
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Bien qu’ils représentent une famille très hétérogène, les probiotiques se sont souvent montrés utiles, à des degrés divers, dans des domaines tels que les diarrhées, en particulier pour réduire la sévérité des diarrhées à rotavirus et diminuer l’incidence des diarrhées associées aux antibiotiques. Mais ces « bons microbes » portent sur leurs épaules bien des espoirs, notamment dans le domaine de la prévention d’infections gastro-intestinales et respiratoires. Une étude effectuée dans 18 centres de soins de jour en Finlande auprès de 571 enfants sains âgés de 1 à 6 ans montre, pour la première fois, que la consommation de probiotiques peut effectivement réduire le risque d’infection respiratoire chez l’enfant (1).
Trois fois par jour
Contrairement aux autres investigations effectuées dans ce domaine, généralement de courte durée, l’étude finlandaise porte sur une période de 7 mois. Elle se déroulait pendant l’hiver, c’est-à-dire à une période où on peut s’attendre à un taux plus élevé d’infections respiratoires. Les enfants ont été répartis en deux groupes. Dans le premier, ils devaient ingérer, trois fois par jour et cinq fois par semaine, un lait fermenté contenant du Lactobacillus rhamnosus GG (ATCC 53103), une souche d’origine humaine qui peut stimuler la production d’anticorps et augmenter l’activité phagocytaire des leucocytes sanguins. Le second groupe recevait un placebo composé de lait sans le probiotique. Les parents devaient noter quotidiennement les symptômes dans un agenda.
L’analyse des résultats montre que dans le groupe probiotique, le nombre moyen de jours d’absence pour cause de maladie est significativement plus faible que dans le groupe contrôle. Par ailleurs, les auteurs observent une réduction de 17 % du nombre d’enfants souffrant d’infection respiratoire avec complications et d’infection des voies respiratoires inférieures. De plus, le recours aux antibiotiques pour cause d’infection respiratoire était de 19 % plus faible dans le groupe recevant les lactobacilles.
Ces résultats suggèrent donc que les probiotiques constituent un moyen susceptible d’être exploité à l’avenir pour la prévention des infections respiratoires. Une stratégie qui, sans prétendre offrir une protection totale, semble d’autant plus intéressante que se pose le problème des résistances aux antibiotiques et qu’elle est dénuée d’effets secondaires. Bien entendu, il reste encore du chemin à parcourir, notamment pour ce qui est des effets systémiques tels que la stimulation de facteurs immunitaires (i.e. les IgA) au niveau des muqueuses. La diversité au niveau du type de souche, des combinaisons éventuelles, de leur résistance à l’acidité gastrique et autres foudres de la digestion, de leur capacité d’adhérence ou, tout simplement de leur présence dans le produit (cf. page suivante) ne facilitera pas cette mise en lumière. Il n’empêche que la notion de protection, largement exploitée dans la publicité pour plusieurs aliments probiotiques et qui peut être interprétée de nombreuses manières, pourrait enfin se voir confortée par des données cliniques.
Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste
(1) Hatakka K, Savilahti E, Pönkä A et al. Effect of long term consumption of probiotic milk on infection in children attending day care centres : double blind, randomised trial. BMJ 2001;322 :1327.
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