Par Nicolas Rousseau
" HEALTH & FOOD " numéro 57,
Janvier-Février 2003
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Charité bien ordonnée commence par soi-même”, dit l’adage. Un discours qui s’applique également au médecin lorsqu’il préconise à un patient obèse d’adopter un style de vie plus sain. En effet, d’après une étude récente*, le candidat à l’amaigrissement fait plus souvent la sourde oreille lorsque son interlocuteur se trouve… dans la même situation que lui ! Pour le Dr Robert Hash, de l’Université de Mercer, en Géorgie, la santé et le comportement du médecin ont une influence considérable sur leurs tentatives de modification des mauvaises habitudes. En clair, l’habit ne fait pas forcément le moine… et sa communauté. Hash et son équipe ont suivi 226 patients issus d’une patientèle de 5 médecins généralistes de l’Etat de Géorgie. Deux des praticiens (deux hommes) étaient obèses, avec des poids respectifs de 125 et 102 kg. Les trois autres, un homme et deux femmes, présentaient un poids normal. L’enquête a débouché sur un avis unanime des patients interviewés : ils se sentaient plus réceptifs aux traitements proposés dans le cadre de leur maladie par les médecins non obèses. Selon Hash, le patient estime probablement qu’un médecin mince et en pleine forme sait de quoi il parle… Mais pour des raisons inconnues de l’auteur, la plupart des patients s’avouaient plus réceptifs, chez les 5 généralistes, lorsque ceux-ci donnaient des conseils généraux sur le contrôle du poids et l’activité physique. Il est vrai que l’Etat de Géorgie compte près de 60 % d’individus obèses…
Cette étude montre donc bien qu’il est parfois plus facile de parler des bonnes attitudes à suivre que de les adopter ! Chaque praticien est avant tout un homme, avec ses forces et ses faiblesses, ce qui rend quelque part à la médecine toute son humanité...
Nicolas Rousseau
Diététicien Nutritionniste
Réf. :
*Hash RB et al., Preventive Medicine 2003; 36:41-44 |