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Sans OGM, de A à Z

Qui dit soja américain, dit OGM dans 90 % des cas. Compte tenu du fragile embargo européen à l’égard des aliments transgéniques, une filière soja sans OGM impose des contrôles très stricts, à tous les niveaux.

Par Nicolas Rousseau

" HEALTH & FOOD " numéro 61,
Octobre-Novembre 2003

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Les Etats-Unis détiennent le monopole de la production mondiale de soja, avec environ 80 millions de tonnes par an. De ce quota, près de 90 % est vendu sous une forme génétiquement modifiée… Produire des aliments au soja garantis sans OGM n’est donc pas matière aisée dans un marché où les pressions des plus grands fournisseurs mondiaux “made in USA” sont importantes. La tactique consiste à trouver à travers le monde des terres cultivables et cultivées encore vierges de plantes OGM, comme certaines régions de Chine, du Brésil et du Canada. A ce sujet, l’Europe est assez mal lotie, car son climat ne permet pas de couvrir les besoins de l’industrie alimentaire. Seules quelques régions du sud du Vieux Continent – France, Espagne, Italie, Autriche et Hongrie –, répondent à ces critères. Et qui plus est, l’Europe n’encourage pas la culture de soja puisqu’elle ne lui octroie aucune prime. Bref, on tourne en rond et il faut bien trouver des solutions.

Suivre à la trace

L’exemple d’Alpro Soja* est représentatif du long travail à accomplir pour assurer l’absence d’OGM du soja au consommateur… L’entreprise combine la traçabilité à la ségrégation du soja. En clair, le soja est suivi de la graine jusqu’au produit final et chaque acteur de la chaîne a la capacité de séparer un lot de fèves de soja d’autres fèves de soja (éventuellement contaminées). Tout cela a bien sûr un surcoût, à prendre en compte dans le prix de revient du produit fini. Concrètement, le système débute avec les semences qui, avant d’être semées, sont enregistrées et contrôlées quant à leur origine et à l’absence d’OGM (vérifiée par PCR ou Polymerase Chain Reaction, la méthode standard de détection). Chaque cultivateur (et son champ) est lié contractuellement et s’engage à appliquer des méthodes de culture et de récolte sans OGM. Le transport, vers les silos (enregistrés), ensuite par voie maritime et par camions vers l’industrie font aussi l’objet de contrôles sévères pour empêcher toute contamination. Chaque chargement fait l’objet d’analyses et de contrôles indépendants lors du transbordement, de la manutention, du stockage éventuel, long ou temporaire et du chargement. Des protocoles existent aussi pour le nettoyage des véhicules de transport (bateaux, camions…).

A l’usine

Toutes les étapes, de la semence à l’arrivage, sont consignées dans un document qui accompagne le lot jusqu’à l’entreprise de transformation. Sont acceptées uniquement les fèves de soja avec une PCR négative effectuée par un laboratoire indépendant reconnu.

La transformation (les ingrédients ajoutés sont également garantis sans OGM et testés à cet effet), le remplissage et le conditionnement jusqu’au produit final se passent dans un environnement certifié sans OGM. A nouveau, des échantillons sont prélevés de façon aléatoire en bout de chaîne pour vérifier l’absence totale d’OGM dans le produit fini, avec une dernière PCR. Les lots quittant l’usine reçoivent un numéro d’identification, afin de pouvoir suivre aisément leur trace jusqu’au distributeur.
On se croirait dans l’industrie du médicament, on est pourtant chez un producteur de “lait” de soja et de ses dérivés…

Nicolas Rousseau
Diététicien Nutritionniste

* Voyage de presse organisé par Alpro Soja à Valence, 25 septembre 2003

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