Par Patrick Mullie
" HEALTH & FOOD " numéro 66, Août/Septembre 2004
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Le hasard y est sans doute pour quelque chose, mais la prise quotidienne d’un petit déjeuner est aussi une histoire… communautaire ! L’enquête révèle que les Flamands sacrifiant plus volontiers le premier repas de la journée que de Wallons, et cela dans les deux sexes (respectivement 71.8 et 58.9 % pour les adolescents contre 59.9 et 52.6 % pour les adolescentes). Par ailleurs, le fait de petit déjeuner tous les jours diminue aussi en fonction de l’âge : cette bonne habitude baisse dans les deux sexes entre 13 et 14 ans (respectivement 66.5% et 54.5% pour les garçons contre 61.0 et 47.2 % chez les filles).
Les facteurs de “risque ”
L’estime de soi influence la prévalence de la prise quotidienne du petit déjeuner. Chez les filles comme chez les garçons, les adolescents qui se déclarent maigres ou trop maigres sont plus nombreux à conserver cette habitude, au contraire des adolescents qui se jugent en excès de poids, qui sont moins de la moitié à prendre un « p’tit dèj » tous les jours.
Petit déjeuner dépend aussi du niveau d’éducation. Les adolescents du général (67.6 % des garçons et 60 % des filles) déjeunent plus fréquemment que ceux de l’enseignement technique (49.3 et 47.8 %) ou professionnel (42.5 et 39.2 %). La durée du transport à l’école le matin importe très peu sur la fréquence du petit déjeuner, au contraire du niveau d’éducation de la mère : Chez les enfants de mères à faible niveau de scolarité, seuls 28.3 % déjeunent, contre plus de 60% des ceux de mères ayant réussi des études supérieures (universitaires ou non universitaires).
Un petit effort
Sauter le petit déjeuner a déjà été associé dans différentes études à une réduction des prestations intellectuelles. Un petit déjeuner couvrant 20 à 25 % des besoins énergétiques quotidiens peut stimuler la créativité et la mémoire des plus jeunes, à l’inverse d’un petit déjeuner inconsistant. Dans la pratique, cela signifie un apport énergétique de l’ordre de 400 à 500 kcal pour un BET moyen de 2000 kcal. Négliger le petit déjeuner est aussi associé à un plus grand risque de surcharge pondérale et d’obésité. Les études suggèrent que l’énergie épargnée le matin est rapidement compensée au cours de la journée.
Donnons l’exemple !
Les statistiques de consommation du petit déjeuner baissent entre 13 et 14 ans. Cette période correspond à l’étalage de la puberté, avec ses profonds bouleversements psychologiques, sociaux et physiques chez l’adolescent. L’augmentation du poids liée à la croissance peut conduire certains ados à prendre des mesures drastiques et déséquilibrées pour contrôler l’excès de poids. C’était notamment le cas, dans l’enquête, chez les adolescents en excès de poids, plus nombreux à sauter le repas de la matinée.
De vastes campagnes d’information sur le petit déjeuner équilibré deviennent donc prioritaires chez les adolescents âgés de 12 à 15 ans, pour éviter la baisse de consommation entre 13 et 14 ans. Celles-ci doivent clairement informer sur le fait que sauter le petit déjeuner pour perdre du poids est finalement, à terme, une mauvaise stratégie. L’environnement familial joue ici un rôle essentiel : dans les familles où l’on ne déjeune pas, le risque est plus grand pour l’adolescent de ne pas pratiquer ce petit rituel quotidien. Alors, donnons le bon exemple…
Patrick Mullie
Diététicien
* Mullie P, Vansant G, Grivegnée AR, Autier P. Ontbijtfrequentie van Belgische mannelijke en vrouwelijke adolescenten tussen 12 en 15 jaar. Tijdschrift voor Geneeskunde 2004;60:474-480. |