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Du «sur mesure» nutritionnel sur le réseau?

Le coaching nutritionnel est en plein essor, pour inciter à manger mieux et à bouger plus. Il était au menu du 8e congrès de nutrition et santé, qui s'est tenu récemment à Bruxelles.

Par Catherine Dolhen

" HEALTH & FOOD " numéro 75, Jan/Fév 2006

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L’ordinateur est devenu un instrument presque essentiel pour la vie de tout un chacun. À cela, on ajoute le réseau internet. Quel lien existe-t-il entre l’ordinateur, la connexion internet et la nutrition, me direz-vous ? Le coaching nutritionnel par internet !

Il est vrai que le coaching nutritionnel sur internet est très en vogue, ces temps-ci. Il y en a pour tous les goûts, pour toutes les bourses et pour toutes les arnaques également. L’Université de Gand a développé un programme informatique disponible sur le réseau internet (http://www.gezondheidstest.be/infopagina.php). C’est une sorte de coaching nutritionnel plus spécialisé sur les lipides. Les personnes qui s’inscrivent obtiennent des conseils et des suggestions alimentaires.

Il existe un décalage entre l’auto-évaluation de son équlibre alimentaite et la réalité. Elles sont nombreuses, les personnes qui croient qu’elles mangent sainement. Toutefois, les études montrent bien que la plupart des belges mangent plus de 40% de leur BET en matière grasse. La population n’est généralement pas consciente de cette consommation excessive. Très souvent, les praticiens sont confrontés à des patients qui ne comprennent pas qu’ils consomment trop de lipides. L’avis sommaire récolté sur internet peut ouvrir les yeux de plus d’une personne.

Deux interventions

Le Professeur De Bourdeaudhuij, de l’Université de Gand, a étudié les différentes techniques d’accompagnement nutritionnel des patients. Cet accompagnement peut être personnalisé ou exploité par l’intermédiaire des médias. Actuellebelge il est nécessaire de se rendre compte que la population Belge est demandeuse d’interventions multidisciplinaires, tant pour être conscientisée que pour appliquer des mesures comme, par exemple, la réduction de la consommation de matière grasse.

D’un côté, les interventions peuvent donc être individualisées, avec des consultations « face à face » avec des diététiciens, avec la collaboration de psychologues et de tout l’environnement idéal et adéquat afin d’encrer le message dans l’esprit du patient et de parvenir à une réduction de la part des lipides dans l’alimentation,. L’efficacité de cette méthode n’est plus à montrer et les résultats sont concluants. Cependant, cette formule demande des investissements conséquents, tant de la part du patient que de celle des professionnels de la santé. De plus, toute cette mise en route connaît un coût non-négligeable. Il faut noter que seul une partie de la population de notre pays peut s’offrir ce procédé.

De l’autre côté, les sensibilisations nutritionnelles peuvent se faire par le biais de la télévision, des médias, des journaux, des dépliants, des institutions, des écoles et des entreprises par exemple. L’avantage de cette méthode est la possibilité d’un plus grand degré d’intérêt de la part du public avec une meilleure atteinte de toutes les couches de la population. De plus, proportionnellement à la première solution, cette seconde est relativement moins coûteuse. Le revers de la médaille, c’est que ces campagnes sont souvent peu efficaces et n’engendrent qu’une faible réflexion de la part des personnes concernées.

Du «sur mesure»

Actuellement, les patients demandent des techniques d’accompagnement qui allient les informations individuelles et plurielles. Le «tailoring intervention» propose des actions taillées « sur mesure », tout en s’adressant à l’ensemble de la population simultanément. Ces programmes existent depuis cinq-six ans. On en retrouve en ligne, un peu partout sur internet. Ils sont constitués de nombreux questionnaires sur les matières grasses, les aliments mangés, leurs quantités, etc. Ils reprennent également des requêtes sur le comportement de l’individu, sur son environnement social et sur ses attitudes.

A partir des nombreuses réponses fournies, un programme informatique reprend les données clés fournies par le participant. Par un système de feed-back, il recevra par courrier internet, une lettre « pseudo-personnalisée », qui lui est adressée. L’internaute pourra aisément l’imprimer et s’en servir comme aide dans son plan alimentaire.

Un exemple

A l’Université de Gand, un programme informatique en ligne a été développé, le «Vetadvies op maat». Les participants obtiennent des conseils sur leur prise alimentaire en lipides ainsi que des suggestions pour améliorer leur qualité et leur quantité. Le questionnaire prend une vingtaine de minutes à remplir. Plus les réponses sont précises, plus les recommandations à la fin seront sérieuses. Le Prof. De Bourdeaudhuij (Université de Gand) a montré dans une étude à court et à long terme qu’à la suite de cette intervention informatique, les participants diminuaient progressivement leur consommation en matière grasse. Après six mois, l’étude montre que sur 800 percontinuaitont répondu au questionnaire, une grande majorité continuaient à appliquer les informations simultanément reçues, tant pour ce qui est de l’incitation à augmenter le niveau d’activité physique que d’améliorer l’alimentation. D’autres analyses ont montré que dans la vie quotidienne, l’initiative internet doit être complétée par un accompagnement spécialisé.

Cette technique de « tailoring » permet de donner des informations générales à chaque personne. Les avantages de cette sensibilisation, c’est qu’elle est à diffusion très large grâce aux techniques de communications actuelles, internet et logiciels multiples. De plus, à l’aide du décodage de l’enquête informatique, ses points essentiels sont personnalisés à l’internaute participant. Ce dernier prend conscience d’une consommation excessive de tels et tels nutriments. Il apprend les déterminants possibles de cette surconsommation.

Bien entendu, ce coaching via la toile n’a pas que des avantages. Parmi les limites de cette technologie moderne, c’est qu’elle exclue d’emblée toutes celles et ceux qui ne sont pas connectés à l’Internet. Et surtout, il faut bien se rendre compte que l’avis qui est donné n’est pas réellement individualisé, comme lors d’une consultation privée. Les conseils dépendent d’un screening. De plus, le questionnaire est générperpétueltique pour chaque individu.

Ces programmes sont en perpétuels développement et évaluation afin d’être le plus proche de la réalité. Toutefois, ils doivent impérativement spécifier au début de l’enquête que toutes les personnes qui souffrent de pathologies nutritionnelles ou autres ne peuvent en aucun cas prendre l’avis final comme tel. Ces personnes doivent obligatoirement se référer aux médecins et diététiciens. Il est tout à fait compréhensible que ces derniers, quel que soit le patient, prennent part entière à l’éducation nutritionnelle du patient. Quelques clics de souris, ne résoudront pas tout.

Catherine Dolhen
Diététicienne

Référence
Prof. De Bourdeaudhuij I. Geïndividualiseerd vetadvies via internet. Hoe bewustzijn verhogen en gedrag veranderen? Universiteit Gent. 8e congrès de nutrition et santé. Novembre 2005 www.gÀezondheidstest.be/infopagina.php

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