Par Nicolas Guggenbühl
" HEALTH & FOOD " numéro 75, Jan/Fév 2006
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Il faut bien reconnaître qu’en matière de lutte contre l’excès de poids, le régime ne donne que rarement des résultats satisfaisants. Tout comme se contenter de s’inscrire dans une salle de sport n’est pas le garant de la sveltesse retrouvée. Mais le potentiel thérapeutique des modifications du style de vie est colossal, et largement sous-exploité par les professionnels de la santé. Car même si le poids d’un obèse ne diminue pas au point de sortir des critères de l’obésité (BMI > 30), les bénéfices métaboliques liés à la combinaison « régime + activité physique » sont tangibles et rapides.
C’est notamment ce qui ressort d’une nouvelle étude menée par Christians Roberts, de l’Université de Californie à Los Angeles, et ses collègues. Les chercheurs se sont intéressés aux différents marqueurs du risque cardiovasculaire. Les « classiques » comme les lipides sanguins, mais aussi le stress oxydatif, l’inflammation, l’activation des cellules endothéliales, l’activité plaquettaire et la stabilité de la plaque d’athérosclérose.
Régime sans restriction calorique
Dans cette étude, 31 hommes âgés de 46 à 76 ans ont participé à un programme résidentiel de 21 jours. Ils ont suivi un régime riche en fibres alimentaires (plus de 40 grammes par jour) et pauvres en lipides (12 à 15 % de l’énergie). Les glucides représentaient 65 à 70 % de l’énergie, et étaient apportés essentiellement par des produits céréaliers complets (au moins 5 portions par jour), des légumes (au moins 4 portions par jours) et des fruits (au moins 3 portions par jour). Les protéines étaient apportées par des végétaux (soja, pois, noix…), des produits laitiers écrémés (jusqu’à 2 portions par jour), du poisson et de la volaille en petites quantités.
Contrairement à ce qui se fait généralement en terme de régime, les participants ne devaient pas s’astreindre à un quota calorique pour la journée. Ils avaient libre accès aux quantités de leur choix (sauf pour les sources de protéines animales). On sait cependant qu’une alimentation hypolipidique riche en fibres alimentaires bénéficie d’un pouvoir satiétogène élevé, réduisant ainsi plus volontiers, de façon spontanée, la consommation énergétique.
Outre le régime, les volontaires ont augmenté leur niveau d’activité physique progressivement pour atteindre 45 à 60 minutes de marche à 70-85 % de leur fréquence cardiaque maximale.
Bon pour les vaisseaux
Au début de l’intervention, 15 sujets présentaient un syndrome métabolique (caractérisé par un excès de graisse abdominale, une résistance à l’insuline, une dyslipidémie telle qu’une hypertriglycéridémie et/ou ou un taux insuffisant de cholestérol HDL) et 13 étaient atteints de diabète de type 2. Certains cumulaient syndrome métabolique et diabète, d’autres ne présentaient aucun de ces états, mais tous étaient soit obèses, soit en excès de poids.
Les auteurs constatent que la combinaison « régime + activité physique) améliore de nombreux paramètres impliqués dans les maladies cardiaques et qui sont des mesures indirectes de la plaque dans les artères, y compris la résistance à l’insuline, la cholestérolémie et des marqueurs du développement de l’athérosclérose. Au bout du compte, la moitié des personnes présentant un syndrome métabolique ou un diabète de type 2 a vu le diagnostic clinique s’inverser. Des résultats qui, s’ils doivent encore être confortés par un suivi à plus long terme et sur un plus grand échantillon, montrent que des modifications importantes du style de vie produisent des effets marqués et rapides.
Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste
Référence:
J Appl Physiol. 2005 Dec 15; |