Par Magali Jacobs
" HEALTH & FOOD " numéro 79, Octobre Novembre2006
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Le 7 octobre dernier, la 3ème journée d'étude de l'UPDLF rappelait les chiffres inquiétants du surpoids et de l'obésité touchant les enfants et les adolescents en Belgique. L'enquête nationale de santé menée en 2004 a répertorié en moyenne 11% d'enfants et d'adolescents en surpoids dans notre pays. Ce sont les zones urbanisées qui sont les plus concernées, pas étonnant donc que Bruxelles arrive en tête avec 13% des jeunes en surcharge pondérale. Globalement, c'est la tranche de 5-10 ans qui est la plus touchée avec 14% de surpoids, tandis que le surpoids épargne plus les jeunes adolescents, avec 6%. Pourtant, c'est la jeune génération qui porte tous nos espoirs de faire régresser le phénomène de l'obésité dans notre pays. Raison de plus pour la soigner « aux petits oignons ».
Sur tous les tableaux
Afin d'obtenir les plus grandes chances de réussite dans la lutte contre les kilos en trop des jeunes, il semble plus approprié d'attaquer sur plusieurs plans à la fois. Conseils diététiques, mais également kinésithérapie, psychothérapie et prise en charge médicale si nécessaire. Au-delà de la sphère alimentaire, il est en effet important d'identifier certains modes de fonctionnement familiaux et le niveau d'activité physique du jeune. La famille s'avère d'une extrême importance dans l'étiologie et le traitement d'une surcharge pondérale chez un enfant. En effet, une déstructuration de l'unité familiale retentit trop souvent sur le mode alimentaire de ses membres. Les parents ne sont pas les seuls à blâmer, car le mode de vie général n'est pas pour faciliter les choses : horaires de travail irréguliers, fermeture des écoles plus tôt qu'avant... Tout cela fait que les jeunes sont de plus en plus livrés à eux-mêmes dans un environnement peu stable. Forcément, des heures de repas fantaisistes, où toute la famille ne prend plus systématiquement ses repas ensemble, ainsi qu'une trop grande permissivité en ce qui concerne le grignotage, ne donnent plus assez de repères au jeune.
Bouger, bouger, bouger...
Triste constat, le nombre d'heures passées devant un écran (télévision, console de jeux ou ordinateur) chaque jour, sont positivement corrélées avec la prévalence de l'obésité chez les enfants. Le sport et l'activité physique globale sont en net recul. A nouveau, la modernité n'y est pas étrangère. Des réseaux de transports étendus et l'usage de la voiture limitent la quantité de mouvements effectués chaque jour. De plus, il va sans dire que trop de jeunes préfèrent s'asseoir derrière un écran que de sortir prendre l'air au jardin. Également, de plus en plus de parents laissent leur enfant s'occuper tout seul. Bien sûr, tous n'ont pas les moyens d'offrir toutes les activités sportives possibles à leur progéniture. Mais proposer à ses enfants d'autres activités qui les mettent en mouvement est à la portée de tous, avec un peu d'imagination. Accompagner les adultes de la famille pour faire les courses, promener le chien, préparer les repas ou autres, peut être proposé. À moins que l'enfant ne préfère inviter un camarade après l'école, et se lancer dans une partie de cache-cache non virtuel...
Pour les habitudes alimentaires comme pour l'activité physique, les parents se doivent de montrer l'exemple à leurs bambins. Voilà qui est un réel défi, à l'heure où la moitié des adultes en Belgique présentent un surpoids, et où la plupart n'ont pas de bonnes habitudes alimentaires ni sportives. L'éducation des parents peut bien sûr se faire par le biais des enfants, mais ceci montre bien l'utilité de dispenser des conseils nutritionnels à toutes les tranches d'âge de la population.
Magali Jacobs
Diététicienne Nutritionniste
Références :La prise en charge de l'enfant et de l'adolescent obèse. 3ème Journée Annuelle d'étude de l'Union Professionnelle des gradués en Diététique de Langue Française. Gembloux, le 7 octobre 2006
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