Par N. G.
" HEALTH & FOOD " numéro 84, Septembre - Octobre 2007
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Manger, voilà bien un acte quotidien qui peut paraître banal. Pourtant, la cascade d'évènements qui suit pour constituer la digestion est d'une grande complexité, et l'on comprend de mieux en mieux en quoi cette orchestration peut influencer la santé. Comme l'explique le Dr Grosdidier, rien que l'état dans lequel se prend le repas est important: la relaxation est primordiale pour une digestion correcte. C'est une question d'équilibre entre le système nerveux parasympathique (qui ordonne les sécrétions digestives par les glandes exocrines et la régulation des mouvements des viscères impliquées dans la digestion) et orthosympathique (favorise les sécrétions gastriques, et pouvant causer hyperchlorhydrie, gastrite, reflux...). Rien que le fait de mastiquer convenablement permet, outre l'action mécanique, de se relaxer, de favoriser le parasympathique. Cela peut paraître anodin, et pourtant, une dégradation insuffisante des aliments peut être la cause de bien des maux, notamment par l'arrivée de protéines dans le côlon, favorisant une flore putréfactive.
Fermentations et putréfaction
Certains aliments retardent la viande gastrique (graisses et aliments riches en fibres), d'autres l'accélèrent (jus de fruits, pains, caramels, céréales raffinées), l'idéal étant un mélange d'aliments qui accélèrent et qui retardent (attention donc aux mono-diètes !). Certaines pratiques, comme celle du « trou normand » (alcool fort pendant le repas), ou de la glace en dessert, favorisent certes la vidange gastrique, mais pas la digestion...
Dans l'intestin, en particulier au niveau de l'appendice (la
« chambre de fermentation » des Chinois), les phénomènes de fermentation sont importants, et s'effectuent surtout à partir des fibres. La fermentation laisse la place à la putréfaction, par manque de motricité, stress important ou consommation excessive de produits carnés et l'appendice peut alors s'enflammer. D'ailleurs, les appendicites sont plus fréquentes chez les carnivores que chez les végétariens.
L'arrivée de protéines dans le côlon favorise la prolifération d'une flore riche en E. Coli, produisant des putréfactions avec formation de toxines. Ici aussi, le parasympathique intervient, notamment en favorisant la formation de mucines, au rôle lubrifiant. Au contraire, l'ingestion de fibres facilite les fermentations et nourrit les Lactobacillus acidophilus.
10 litres de gaz!
La production de gaz au niveau du côlon, qui oscille entre 7 et 10 litres par jour (600 ml seulement étant expulsés, le reste étant absorbé par la muqueuse intestinale) est aussi influencée par l'alimentation et... la mastication. Une mastication insuffisante, un déficit dans les sécrétions pancréatiques ou biliaires favorise l'arrivée d'aliments partiellement dégradés ce qui augmente la production de gaz. L'odeur des gaz peut être révélatrice du type de fermentation: les fermentations du côlon droit donnent des gaz inodores (CO2), alors que les putréfactions du côlon gauche génèrent du méthane et de l'hydrogène.
Un prurit inexpliqué peut très bien trouver son origine dans l'assiette. Par exemple suite à une consommation trop importante d'histidine (conserves de poissons, tomates, alcool, chocolat, fromages fermentés) ou en raison d'une flore putréfactive dominante, libérant de l'histamine. Si cette histamine n'est pas intégralement métabolisée au niveau du foie, elle circulera dans le corps et pourra causer des démangeaisons. Une situation parmi bien d'autres qui peuvent trouver une solution dans le rééquilibrage de la flore intestinale, tant par la composition de l'alimentation que par la prise de pré- et de probiotiques.
N. G.
Références
*Conférence de l'Institut de Nutrition Cellulaire Active (INCA), Genval, 19 avril 2007.
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