Par Nicolas Guggenbühl
News du :
09 Avril 2003
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Les végétaux issus de l'agriculture biologique n'ont, jusqu'à présent, pas apporté de preuves consistantes justifiant l'image qu'ils véhiculent, à savoir celle d'aliments meilleurs pour la santé de celui qui les consomme. Ce mode de production, réglementé au niveau européen, interdit notamment le recours aux produits phytosanitaires artificiels. En conséquence, les pesticides et herbicides, s'ils ne sont pas totalement absents dans le végétal « bio », s'y retrouvent généralement à des teneurs inférieures à celles observées dans les autres végétaux.
Mais cela ne suffit pas pour placer le « bio » sur un piédestal, d'abord parce que les résidus d'herbicides et de pesticides ne sont pas considérés comme une véritable menace pour la santé du mangeur, ensuite parce que le caractère « bio » ou pas d'un végétal n'apparaît pas comme un critère décisif pour la teneur en nutriments. Mais il semble en aller autrement pour d'autres substances intéressantes : les composés phénoliques.
Mures, fraises et maïs
Des scientifiques de l'Université de Californie, à Davis, ont fait pousser des mûres, des fraises et du maïs selon trois techniques différentes : sans pesticide, sans herbicide et sans engrais (pour mimer le « bio »), ou avec engrais seul (production « durable ») ou encore avec pesticide, herbicide et engrais (agriculture conventionnelle). Et ils ont ensuite procédé à l'analyse du contenu en composés phénoliques (dont les flavonoïdes), des substances qui se voient attribuer un effet protecteur, dans le cadre de la lutte contre le cancer et les maladies cardiovasculaires notamment. Le verdict est sans appel : pour les deux procédés excluant les pesticides et les herbicides, les végétaux affichent des taux de composés phénoliques de 19 à 60 % plus élevés que ceux des végétaux produits selon l'agriculture conventionnelle.
Pression microbienne
Cette étude montre donc pour la première fois que le fait de recourir aux pesticide et herbicides – à défaut d'être toxique pour l'homme – réduit l'intérêt que peuvent présenter certains végétaux pour leurs effets sur la santé. Les auteurs expliquent ces observations par le fait que les composés phénoliques sont produits par la plante en vue de la protéger des agressions causées par les insectes, les micro-organismes et les champignons. En surprotégeant les végétaux par des produits phytosanitaires, cette « pression » exercée par les agresseurs est plus faible, ce qui rend la synthèse de composés phénoliques par la plante moins impérieuse.
Nicolas Guggenbühl
Réf. :
Asami DK et al. J Agric Food Chem 2003,51,1237-1241. |