Par Nicolas Guggenbühl
News du :
14 Mai 2003
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Au début des années septante, le chirurgien britannique Denis Burckitt faisait le rapprochement entre la consommation de fibres et la prévalence du cancer du côlon, en comparant la situation entre l'Afrique et l'Europe. Depuis, les fibres se sont distinguées dans bien des domaines qui dépassent la sphère digestive, comme la prévention du diabète de type 2 et des maladies cardiovasculaires. Et pourtant, l'an 2000 a donné un goût amer aux fibres et l'hypothèse d'un effet protecteur face au cancer colorectal a presque été abandonnée. En cause, l'absence de résultats enregistrés avec des suppléments de fibres.
Les fibres viennent cependant de prendre une belle revanche avec la publication de deux études d'envergure. La première, américaine, a été effectuée après de 33 971 participants (1), dont l'apport en fibres a été comparé à celui de 3591 personnes présentant au moins un adénome colique. Les résultats indiquent une réduction du risque de cancer colorectal de 27 % dans le quintile le plus élevé pour l'apport en fibres, par rapport au quintile le plus bas. La relation est significative pour le côlon, pas pour le rectum. Étonnamment, elle concerne uniquement les produits céréaliers complets et les fruits, alors que les légumes ne révèlent rien de significatif.
Un demi-million d'européens
La seconde étude, européenne, porte sur 519 978 personnes enrôlées dans l'étude EPIC (2). Ici aussi, le quintile le plus élevé pour l'apport en fibres bénéficie d'une diminution du risque de cancer colorectal de 25 %. Et comme dans l'étude précédente, la protection concerne le côlon (surtout le côlon gauche) et pas le rectum. Par contre, aucune catégorie d'aliments ne se détache du lot.
Une analyse plus fine des données alimentaires montre que l'effet fibres est encore plus marqué. La conclusion des auteurs est qu'en doublant l'apport en fibres alimentaires, on peut espérer réduire le risque de cancer colorectal de 40 %.
Si ces deux études plaident une fois de plus en faveur d'une majoration des sources de fibres, elles ne prouvent pas définitivement que ce soient bien les fibres, et elles seules, qui sont les actrices de la protection. Une alimentation riche en fibres comporte aussi bien d'autres atouts (notamment la richesse en antioxydants). Cet élément pourrait expliquer les différences obtenues lorsque les fibres sont issues des aliments ou délivrées sous forme de suppléments.
Nicolas Guggenbühl
Diététicien nutritionniste
Réf :
(1) Peters U et al. Lancet 2003;361:1491-95
(2) Bingham S et al. Lancet 2003;361:1496-501 |