Par Nicolas
Guggenbühl
News du :
08 Décembre 2004
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« Qui dort dîne », dit l’adage. Et qui ne dort pas assez, mange plus ! C’est ce qui ressort d’une nouvelle étude menée par l’Université Libre de Bruxelles (ULB) et l’Université de Chicago (1). Plusieurs travaux ont déjà rapporté une association entre un temps de sommeil court et un indice de masse corporelle (BMI) élevé, un constat qui ne trouvait pas d’explication. Voilà qui vient d’être fait dans cette nouvelle étude, réalisée par le Dr Karine Spiegel – responsable du groupe de recherche sur le sommeil et la neuroendocrinologie au laboratoire de Physiologie de l’ULB – et ses collaborateurs.
Leptine et ghréline
Les chercheurs ont soumis 12 jeunes hommes âgés en moyenne de 22 ans et de corpulence normale, à deux 2 périodes de temps de sommeil différent : sommeil restreint (environ 4 h de sommeil par nuit) pendant 2 jours, puis, à au moins 6 semaines d’intervalle, sommeil prolongé (un peu plus de 9 h de sommeil/nuit). Ils ont mesuré les taux de deux hormones clé impliquées dans la régulation du comportement alimentaire : la ghréline, sécrétée par l’estomac et qui stimule l’appétit, et la leptine, produite par les cellules adipeuses et qui induit la satiété. Le rapport entre ces deux hormones constitue un indicateur très précieux pour expliquer les états de faim et de satiété. Ils ont également évalué la faim et l’appétit pour différentes catégories d’aliments.
Les résultats montrent qu’après 4 heures de sommeil, le rapport ghréline/leptine affiche une augmentation de 71 % par rapport à ce qui est obtenu après la longue nuitée. De plus, la privation de sommeil engendre une augmentation de l’appétit, en particulier pour les aliments riches en énergie et en sucre, tels que confiseries, biscuits et gâteaux. Le désir exprimé pour d’autres aliments tels que fruits, légumes ou produits laitiers augmente nettement moins.
Moins de sommeil
Cette étude suggère donc que le manque de sommeil, devenu de plus en plus fréquent dans nos sociétés modernes, pourrait jouer un rôle dans la surconsommation énergétique et l’obésité. Bien que cette piste mérite des investigations supplémentaires, signalons qu’une autre étude à plus grande échelle (1024 participants), publiée le même jour, rapporte des résultats qui vont dans le même sens : chez les personnes dormant moins de 8 h par jour, il y a une augmentation du BMI proportionnelle à la diminution du temps de sommeil (2). Les auteurs estiment que passer de 8 h de sommeil à 5 h est associé à une réduction du taux de leptine de 15,5 % et une augmentation de la ghréline de 14,9 %. Des résultats d’autant plus interpellant lorsque l’on sait que l’on est passé de 8,5 h de sommeil en 1960, à moins de 7 h en 2002.
Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste
Références :
Spiegel K et al. Ann Intern Med du 7 décembre 2004.
Taheri S et al. Plos Medicine du 7 décembre 2004 |