Il est diététiquement correct d’affirmer qu’une alimentation saine doit accorder une place royale aux fruits et aux légumes, et rien ne peut étouffer ce raisonnement… Cela dit, entre les effets avérés et ceux supposés bénéfiques, il y a des zones d’ombre. C’est en particulier le cas du cancer du sein.
Bien que de nombreuses données plaident en faveur d’un effet « anticancérigène » pour les fruits et les légumes, les études récentes remettent en cause le potentiel protecteur de ces aliments face à ce type de cancer. C’est notamment ce qui ressort des nouvelles données issues de la grande cohorte d’EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition).
Cette étude a enrôlé près de 300 000 femmes âgées de 25 à 70 ans et issues de huit pays européens. Deux questionnaires leurs ont été remis, l’un en 1992, l’autre en 1998. Dix ans après, quelques 3500 cancers du sein ont été observés. Verdict : il n’y a aucune association significative entre la consommation de fruits et de légumes et le risque de cancers du sein.
Ces résultas peuvent être considérés comme décevants. En effet, il est séduisant de penser qu’un groupe d’aliments familier peut réduire le risque d’une affection aussi courante que le cancer du sein, et étayer ainsi le tableau déjà très positif des fruits et des légumes.
Plus d’une corde à leur arc
Les fruits et les légumes sont des végétaux dont la «sève nutritionnelle» est particulièrement riche : ils contiennent une série d’éléments utiles comme les fibres, les vitamines et une multitude d’autres substances anti-oxydantes. Bien que les rôles précis de ces différents constituants ne sont pas parfaitement connus, les fruits et légumes ont déjà apporté la preuve de leur intérêt dans de nombreux domaines, parmi lesquels la réduction de la pression artérielle ou encore du risque de maladies cardiovasculaires.
De plus, même si le cancer du sein ne semble pas influencé par l’apport en fruits et légumes, d’autres cancers bénéficient d’une protection végétale. C’est le cas des cancers de la bouche, du pharynx, du larynx, de l’estomac, et probablement du côlon et du rectum.
Même si cette étude n’est pas porteuse de bonnes nouvelles, elle n’enlève donc rien au charme nutritionnel des fruits et légumes. De plus, cette famille d’aliments se caractérise par une quasi absence de lipides ainsi qu’un apport calorique très faible. Deux caractéristiques particulièrement intéressantes face au problème grandissant de l’obésité.
Nicolas Guggenbühl et B. Vermeiren
Références:
IARC (International Agency for Research on Cancer), le 12 janvier 2005. |