Le développement de l’obésité est particulièrement préoccupant parce qu’il touche des populations de plus en plus jeunes. Un problème qui se distingue par la diversité et la complexité des facteurs incriminés qui touchent au style de vie. Mais cela ne dispense pas de mettre parfois le doigt sur une des composantes susceptibles d’accroître le déséquilibre entre les calories ingérées et les calories dépenses: le temps passé devant la télévision.
Plusieurs études ont déjà dénoncé l’effet néfaste de la télévision sur le poids, et l’explication semble logique: la dépense énergétique devant le petit écran est proche de celle du sommeil, sans compter que l’on à les deux mains libres pour le grignotage. Mais ce qui semble logique n’est pas toujours scientifique, et l’année dernière, une meta-analyse concluait que si le temps passé devant la télé était bel et bien lié à l’excès de poids, cette association était faible et probablement peu pertinente sur le plan clinique (1). Un avis remis en cause par une équipe de l’Université d’Otago, à Dunedin (Nouvelle Zélande), estimant que la majorité des études prises en compte présentent des limites qui ne leur permettent pas d’établir un lien de cause à effet.
Génération canapé
Pour tenter de faire la lumière sur cette éventuelle association, ces chercheurs néo-zélandais ont mené une étude sur une cohorte de 1000 enfants, suivis depuis la naissance jusqu’à l’âge de quinze ans (2). Ils ont procédé à une évaluation de leur «consommation» de télévision et procédé aux mesures staturo-pondérales aux âges de 5, 7, 9, 11, 13 et 15 ans.
Les résultats montrent que l’indice de masse corporelle (BMI) et la prévalence de l’excès de poids à tous les âges sont associés de façon significative au temps moyen passé devant la télé. Cette association est plus forte chez les filles que chez les garçons, sans que l’on puisse déterminer pourquoi. Point important: le statut socio-économique ainsi que le BMI des parents n’affectent pas cette association entre corpulence et télévision.
Bien que l’effet soit faible, les auteurs précisent qu’il est plus important que celui généralement rapporté pour l’apport nutritionnel et l’activité physique. Plusieurs travaux ont en effet montré que tant l’apport calorique que l’activité physique n’expliquaient que peu, après correction pour différents facteurs confondants, l’évolution du BMI. Dans cette nouvelle étude, les auteurs disposent également des données sur l’activité physique à 15 ans. L’activité physique est inversement associée au temps passé devant la télévision, mais elle n’a pas de valeur prédictive du BMI, alors que le temps passé devant la télé apparaît, lui, comme une valeur prédictive du BMI. Une valeur prédictive qu’il n’est pas difficile à sonder chez soi…
Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste
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Références
(1)) Marshall SJ et al. Int J Obes Relat Metab Disord 2004;28 :1238-1246.
(2) Hancox RJ and Poulton R. Int J Obes 13 septembre 2005. |