Dr Jean Andris
News du 06/02/08
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En médecine, on ne sait pas toujours où est l'oeuf et où est la poule. Ainsi, il est bien connu que les patients hypertendus présentent un risque accru de calcul rénal par rapport aux personnes qui ont une tension artérielle normale. Mais des données commencent aussi à s'accumuler pour suggérer que les personnes qui ont souffert d'une « pierre aux reins » sont plus à risque de développer une hypertension artérielle que ceux qui n'ont jamais subi cette douloureuse expérience. Donc, où est l'oeuf et où est la poule ?
Il n'y a peut-être ni l'un, ni l'autre, mais ces deux anomalies seraient la conséquence d'un autre mal. Des données épidémiologiques nouvelles semblent indiquer que le lien est le syndrome métabolique. C'était déjà bien connu pour l'hypertension artérielle : la première étude à suggérer cette association date de 1967 et personne ne pense plus à contester ce lien. Le mécanisme de cette association passerait par une augmentation de l'excrétion urinaire du calcium chez les personnes aux apports sodés excessifs. On sait par ailleurs que ces apports exercent une influence sur la tension artérielle. Une autre conception physiopathologique avait postulé l'existence de perturbations de transport du calcium au niveau rénal chez les hypertendus. C'était l'hypothèse « de la fuite calcique ». Mais cette hypothèse a été récemment contestée.
Par contre, il y a pas mal de temps déjà que certains auteurs proposaient de relier la lithiase rénale, en particulier la lithiase urique, au syndrome métabolique. Pour être honnête, il faut dire que c'est en réalité l'hyperuricémie qu'ils voulaient ainsi stigmatiser. Mais il y a avait des opposants, ces derniers trouvant que les autres exagéraient.
Diététique et médicaments
Bien que les données ne soient pas encore de manière totalement décisive en faveur d'un lien entre lithiase urique et obésité, des arguments théoriques se dessinent. Le principal d'entre eux fait appel à l'acidification des urines constatée chez les personnes qui présentent une obésité et/ou une résistance à l'insuline. Il est vrai que dans la lithiase rénale tout comme dans l'hypertension, des mesures hygiéno-diététiques peuvent s'avérer précieuses. Dans les deux cas, la perte de poids, la limitation des apports sodés, la consommation accrue de fruits et légumes, ont une place importante dans la prévention. Et chez les patients pour lesquels ces mesures ne suffisent pas, les diurétiques thiazidiques peuvent apporter un plus pour améliorer la tension artérielle et diminuer la calciurie. N'oublions pas, toutefois, que les guidelines sur l'hypertension insistent partout dans le monde sur le fait qu'il faut souvent plusieurs médicaments d'emblée et que les associations doivent impérativement comprendre un agent qui interfère avec le système rénine-angiotensine-aldostérone (RAA).
Dr Jean Andris
Référence: Obligado SH, Goldfarb DS. Am J Hypertens 2008; 24 janvier (epub ahead of print) : doi 10.1038/ajh.2007.62.
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