Il est maintenant bien ancré dans les populations occidentales que l’alimentation maternelle doit être équilibrée et exempte d’alcool pour le bien du futur enfant. Mais il semble que, outre les effets sur la santé fœtale de l’alimentation maternelle, cette dernière influence également les futures préférences alimentaires de l’enfant.
Des chercheurs ayant mené des études sur des rongeurs ont découvert que le sens de l’odorat de leur progéniture était influencé par l’alimentation maternel au cours de la grossesse. Au même moment, les scientifiques ont constaté des changements importants dans la structure des glomérules olfactifs du cerveau qui traite les odeurs. Les odeurs présentes dans le liquide amniotique affecteraient effectivement la façon dont ce système se développe.
Les auteurs ont nourri un groupe de souris enceintes et allaitantes avec un régime de saveur neutre et un autre à la saveur prononcée. À l'âge du sevrage, les petits de mères ayant reçu le régime aromatisé présentaient des glomérules significativement plus grandes que celles avec le régime fade. Ils présentaient également les mêmes goûts alimentaires que leur mère, alors que les autres souriceaux n'avaient pas de préférences.
Cette étude est la première à montrer des changements cérébraux se produisant lors de l'exposition constante aux saveurs in utero et tôt dans la vie postnatale, lorsque le nouveau-né reçoit le lait de sa mère.
Si ce mimétisme alimentaire se reproduit chez l’humain, il se pourrait donc qu’une mère buvant de l'alcool ou consommant des produits considérés comme n’étant pas sains transmette ses goûts alimentaires à son enfant et à l’inverse si elle opte pour une alimentation saine au cours de sa grossesse, son enfant pourrait rester sur le droit chemin au cours de sa vie future.
Cet essai pourrait donc avoir d'importantes répercussions en santé publique. En effet, de nombreuses maladies qui affligent la société impliquent une consommation excessive ou une répulsion pour certains types d'aliments bénéfiques. Comprendre les facteurs qui déterminent le choix et l'ingestion et plus particulièrement les facteurs précoces, serait donc une avancée considérable dans la conception de stratégies visant à améliorer la santé des nourrissons, des enfants et des adultes.
Il faudrait maintenant voir si ce phénomène se produit chez les humains mais, selon les auteurs, il est fort probable que les résultats soient similaires, au vu des similitudes de développement entre les différents mammifères.