De nombreux essais contrôlés randomisés ont démontré que la supplémentation de la mère en période périconceptionnelle réduisait le risque des spina bifida. Mais il semble que les suppléments de vitamine B9 aient également un effet positif sur le risque de retard de language chez l’enfant.
Christine Roth, de l'Institut norvégien de santé publique d’Oslo et ses collègues ont mené une étude afin de déterminer si l'utilisation de suppléments d'acide folique chez la mère pouvait avoir une influence sur le risque de retard sévère de langage chez leurs enfants une fois à l’âge de trois ans.
Contrairement aux États-Unis, la Norvège n'a pas encore de plan d’enrichissement des aliments en acide folique, ce qui augmente le contraste dans le statut en folates entre les différentes femmes qui prennent ou non des suppléments d'acide folique.
Les femmes enceintes ont été recrutées en 1999 et des données ont été recueillies pour les enfants nés avant 2008. A l’âge de trois ans, le langage des enfants a été évalué sur une échelle à 6 points, le score minimum de langage expressif (un seul mot de vocabulaire ou l’émission de sons inintelligibles) étant assimilé à un retard sévère de langage.
L'analyse principale de l'étude a inclus 38 954 enfants (19 956 garçons et 18998 filles). Parmi ces bambins, 204 (0,5%) ont été classés comme atteint d’un retard de langage sévère (159, soit 0,8% des garçons et 45, soit 0,2% des filles. Les enfants dont les mères n’avaient pas pris de compléments alimentaires dans l'intervalle d'exposition a constitué le groupe de référence (n = 9052, soit 24% des participants). Dans ce groupe, 81 enfants ont développé un retard sévère de langage (soit 0,9%).
Les enfants dont les mères avaient pris des compléments alimentaires au cours de la période d’exposition ont quant à eux été répartis en trois groupes : ceux dont les mères avaient pris des compléments au cours de leur grossesse, mais pas d’acide folique (groupe1: n = 2480), ceux dont les mères n’avaient pris que des compléments d’acide folique (groupe 2: n = 7127) et enfin, le dernier groupe était constitué par des enfants dont les mères avaient pris des compléments d'acide folique en association avec d'autres compléments (groupe 3: n = 19 005).
Au sein des trois groupes « tests », un retard sévère de langage a été mis en évidence à la fin de l’étude chez 22 enfants dans le groupe 1 (soit 0.9%), chez 28 enfants dans le groupe 2 ( soit 0.4%) et chez 73 enfants dans le dernier groupe (soit 0,4%).
Grâce aux résultats de cet essai, les auteurs ont pu mettre en évidence le fait que l'utilisation maternelle de compléments d'acide folique dans les quatre à huit semaines suivant la conception était associée à un risque considérablement réduit de retard de langage sévère chez les enfants à âgés de 3 ans.
D’après les scientifiques ayant participé à cette étude, il s’agit de la première étude de l’histoire ayant examiné la relation entre la supplémentation prénatale en acide folique et le retard sévère de langage chez l’enfant.
Les auteurs ont conclu leur étude en disant que : « Si dans les recherches futures, la causalité de cette relation est avérée, cela pourrait avoir d'importantes implications pour la compréhension des processus biologiques des perturbations du développement neurologique, pour la prévention des troubles du développement neurologique mais également pour les politiques de supplémentation en acide folique pour les femmes en âge de procréer."