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In vino sanitas!

Le vin, boisson consommée depuis l’antiquité, renferme de nombreuses substances susceptibles d’avoir des effets bénéfiques sur la santé et notamment sur la santé cardiovasculaire. De nombreuses études relatent en effet les bienfaits pour la santé d’une consommation modérée et régulière de vin


Health and Food

100 Fêtes 2009

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Tout le monde connaît les avantages d’une consommation modérée de vin pour la santé cardio-vasculaire. Rappelons en effet que les maladies cardio-vasculaires représentent à elles seules la première cause de mortalité dans notre pays. Mais cette boisson présente également de nombreux autres avantages pour la santé.

L’alcool: protecteur à petite dose
Un grand nombre d’études ont rapporté qu’une consommation modérée d'alcool présenterait des bénéfices santé et qu’à l’inverse, un apport nul ou plus élevé en cette boisson n’aurait aucun impact bénéfique et pourrait même présenter certains risques. Cette relation a été clairement établie dans une série d'études telles que la Framingham Study, la British Doctors Study, la Cancer Prevention Study , la Nurses Health Study et bien d’autres encore.

Cependant, pour chacune de ces études, la question des facteurs confondants est venue perturber les résultats. Une méta-analyse de 34 études portant sur un total de plus d’un million de sujets a donc été réalisée. Près de100 000 décès ont été analysés afin de mettre en évidence un lien entre une diminution de la mortalité totale et une consommation modérée d’alcool (deux à quatre verres quotidiens pour les hommes ou un à deux verres pour les femmes) par rapport à l'abstinence ou à des quantités plus élevées d’alcool plus élevées.

Bien que les résultats aient été moins spectaculaires après ajustement des facteurs de confusion, des facteurs sociaux et des marqueurs alimentaires, cette étude a confirmé la première hypothèse selon laquelle une consommation modérée d’alcool apporte des bénéfices sur la santé cardiovasculaire. Ces avantages pourraient s’expliquer par une diminution du risque d’infarctus du myocarde et d’insuffisance cardiaque.


Rouge ou blanc?
Il semble que tous les vins ne soient pas égaux en ce qui concerne les avantages en terme de prévention cardio-cérébro-vasculaire. Le vin rouge présenterait en effet une longueur d’avance par rapport au vin blanc et à d’autres alcools.

Chez des volontaires sains, une étude a mis en évidence le fait que la consommation d’une certaine quantité de vin rouge augmenterait la vitesse du flux coronaire. Cette observation n’apparaîtrait pas lors de la consommation de vin blanc. De même, boire du vin rouge élèverait davantage le taux HDL-cholestérol ainsi que les concentrations plasmatiques en antioxydants par rapport aux mêmes quantités de vin blanc ou de vodka ingurgitées.

En ce qui concerne les cellules musculaires lisses vasculaires, la pré-incubation avec du vin rouge inhiberait les béta-récepteurs du facteur de croissance plaquettaire (PDGF), facteur crucial dans le développement de l'athérosclérose.

Enfin, la consommation régulière de quantités modérées de vin rouge semble inhiber l'activation du facteur nucléaire (NF)-kappa-B61 pendant la lipémie post-prandiale, créant de cette manière un mécanisme anti-inflammatoire. Cet effet serait simulé par des antioxydants spécifiques au vin rouge.


Action anti-inflammatoire
L'inflammation joue un rôle important dans l'initiation et la progression de l'athérosclérose, pouvant prédisposer une personne à certaines pathologies cardiovasculaires. Des études récentes ont examiné les effets anti-inflammatoires du vin, et plus particulièrement de certains composés polyphénoliques présents dans le vin blanc, à savoir le tyrosol et l’acide caféique.

Les résultats de ces essais ont mis en évidence un effet inhibiteur de l'acide caféique et du tyrosol sur la production de certaines substances pro-inflammatoires telles que certaines interleukines et le TNF-?. De même, une consommation régulière et modérée de vin rouge augmenterait la concentration plasmatique d’IL-6, qui pourrait inhiber la production de certaines cytokines pro-inflammatoires telles que l’IL-1 et TNF-?.

Estruch et al. ont montré qu’une consommation quotidienne de 30 g d’éthanol réduisait significativement le fibrinogène plasmatique. Ils ont également constaté que certains marqueurs d’athérosclérose étaient significativement réduits.


Le resvératrol: un composé miracle?
Le resvératrol est un polyphénol que l’on retrouve dans le vin rouge et qui présente de nombreux bienfaits. Il aurait, selon de nombreuses études, une puissante activité antioxydante, permettant notamment la diminution du taux de lipoprotéines de basse densité (LDL) oxydées ou encore la compensation des effets pro-oxydants de l’alcool.

Ce composé inhiberait également la réaction inflammatoire en supprimant la biosynthèse de prostaglandines, en diminuant l’expression de gènes codant pour la synthèse de certaines molécules d’adhésion, en inhibant la synthèse du TNF-? et en diminuant l’activation plaquettaire.

Parmi les autres effets potentiellement bénéfiques du resvératrol sur la santé cardiovasculaire, citons entre autres des propriétés anti-fibrotiques, un accroissement de la libération de monoxyde d’azote (NO) augmentant la vasodilatation des vaisseaux et inhibant l’agrégation plaquettaire ou encore la suppression de l’activité de certains facteurs tissulaires.

Enfin, certaines études ont rapporté que cette molécule particulière pourrait également présenter un intérêt dans la prévention de certaines maladies neuro-dégénératives, telles que la maladie d’Alzheimer, en augmentant l’activité des sirtuines, des protéines anti-sénescentes.


Quelles quantités ?
Au vu des études précitées, il semble qu’un apport quotidien de trois à quatre verres de vin pour les hommes et de un à deux pour les femmes apporterait des avantages en terme de santé cardiovasculaire.

Dans notre pays, il existe des recommandations officielles en ce qui concerne la consommation d’alcool. Les experts du Conseil Supérieur de la Santé stipulent que l’apport énergétique présuppose un apport d’alcool égal à 0%.

Cette valeur étant utopique, les recommandations pour la Belgique consistent à ramener la consommation moyenne d’alcool chez les buveurs à moins de 4% de l’apport énergétique total, soit un à deux verres de vin maximum pour un apport énergétique total de 2000kcal.

Alexandre Dereinne, diététicien

Références

Jones P, Wollin S. Alcohol, Red Wine and Cardiovascular Disease. J. Nutr. 131: 1401–1404, 2001.
http://jn.nutrition.org/cgi/reprint/131/5/1401
Site en anglais consulté en Décembre 2009.

Lecour S, Opie L. The red wine hypothesis: from concepts to protective signalling molecules. European Heart Journal (2007) 28, 1683–1693.
http://eurheartj.oxfordjournals.org/cgi/reprint/28/14/1683
Site en anglais consulté en Décembre 2009.

Vidavalur R, Otani H, Singal P et al. Significance of wine and resveratrol in cardiovascular disease: French paradox revisited. Exp Clin Cardiol 11(3) 2006.
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2276147/pdf/ecc11217.pdf
Site en anglais consulté en Décembre 2009.
 

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