Health and Food
100 Fêtes 2009
|
Il semble qu’un bon état nutritionnel aurait une influence favorable sur la morbi-mortalité consécutives à une intervention chirurgicale, un traitement par radio- et chimiothérapie, ainsi que sur l’immunité et le bien-être du patient, notamment en raison du fait qu’il est possible d’influencer l’ampleur des effets secondaires, ce qui permet de maintenir ou d’améliorer le quotidien et la qualité de vie générale du patient. Le diététicien joue donc un rôle primordial dans le traitement du patient cancéreux.
Des conseils adaptés à chaque phase
Quelque soit la phase, les objectifs nutritionnels sont les mêmes : maintenir ou améliorer l’état nutritionnel du patient; diminuer ses plaintes et l’informer lui et à ses proches du lien qui existe entre l’alimentation et le cancer.
Aucune directive générale n’existe à ce jour concernant les conseils nutritionnels à donner aux patients souffrant de cancer. Ils doivent toujours être donnés de façon individualisée en tenant compte des possibilités physiques et psychologiques du patient. L’accent doit toujours être mis sur la qualité de vie.
Quelles sont les données médicales utiles ?
Avant de se rendre au chevet du patient, il est utile de s’informer sur ses données médicales afin de pouvoir répertorier d’éventuels problèmes alimentaires:
- Le diagnostic est une donnée qu’il est important de connaître : type de tumeur, emplacement, stade, diagnostics secondaires éventuels ;
- Les symptômes que présente le patient fournissent également de précieuses informations quant au type de conseils qui vont lui être donné : anorexie, existence de certaines aversions alimentaires, modifications éventuelles du goût et de l’odorat, fatigue, dysphagie,…;
- Le type d’intervention, le traitement et la médication donnée au patient sont également des informations importantes: chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, hormonothérapie, immunothérapie, traitement endoscopique, nature du traitement (curatif, palliatif ou symptomatique) ;
- Enfin, il est très utile voire obligé de connaître les données anthropométriques du patient de même que les données concernant la prise éventuelle de compléments alimentaires ou tout autre traitement complémentaire alternatif
- Une fois que le diététicien a toutes ses informations à disposition, il lui est plus facile d’aborder les questions nutritionnelles avec le patient et, de cette manière, de déterminer son état nutritionnel, de connaître ses plaintes pour pouvoir lui donner des conseils adaptés à sa situation.
Détermination de l’état nutritionnel
La détermination de l’état nutritionnel est un des points les plus important dans la prise en charge du patient cancéreux. Une perte de poids involontaire constitue un paramètre fiable pour analyser une détérioration de l’état nutritionnel. Il y a lieu de s’alarmer si le patient a perd 5% de son poids en un mois ou plus de 10% en l’espace de six mois.
Au moment du diagnostic, près de 50 à 60% des patients présentent déjà une perte de poids significative et à un stade de cancer avancé, près de la totalité des patients qui souffrent d’une sérieuse perte de poids involontaire.
Il est donc clair que le cancer induit un état de malnutrition. Ce problème reste pourtant bien souvent sous-estimé. Une fois présente, la malnutrition va à son tour entraîner des conséquences graves tels qu’une augmentation de la morbidité et de la mortalité en cours de traitement, une diminution de l’immunité, une altération de la qualité de vie, pour enfin atteindre un état cachectique en fin de vie.
Deux facteurs peuvent expliquer l’aggravation de l’état nutritionnel:
- La diminution des apports alimentaires pour plusieurs raisons : tumeur présente dans la bouche, troubles de la déglutition, dysphagie, plaintes gastro-intestinales,…
- La production de substances par la tumeur provoquant un dérèglement métabolique.
Traiter les plaintes et troubles alimentaires
Il convient de prêter attention aux plaintes du patient, qu’elles soient d’ordre alimentaire ou non afin de pouvoir au mieux les traiter et améliorer de cette façon sa qualité de vie.
Près de 80% des patients peuvent souffrir de malaises suite à l’évolution de la maladie, à des modifications métaboliques, au traitement ou encore à des facteurs psychologiques. L’objectif principal des conseils nutritionnels dans de tels cas est de soulager le patient afin de stabiliser voire d’améliorer son état nutritionnel.
L’anorexie est également un trouble très fréquent chez les patients cancéreux. Les conseils à donner au patient dans cette situation sont de manger de petites quantités fréquemment dans la journée, d’éviter de grignoter tout le temps, de boire en suffisance (au moins 1,5L par jour), d’éviter les repas trop gras, de manger lentement et d’éviter de consommer des aliments riches en fibres alimentaires.
De nombreux patients peuvent présenter des aversions envers certains aliments ou des modification du goût ou de l’odorat. Il faut faire comprendre au patient qu’il n’y peut rien et qu’il doit accepter cette situation. Parfois, il est préférable de donner à ces patient des repas froids afin d’éviter les odeurs trop fortes de repas et de leur conseiller de boire suffisamment pour éviter de garder un goût désagréables en bouche.
Si un patient souffre de nausées et/ou de vomissements, il est important de lui conseiller de boire de petites quantités en lui donnant de préférence des boissons caloriques et ne pas le laisser l’estomac vide. Des collations peuvent lui être fournies de même que des petits repas aux heures ou il a le moins de nausées. Si ces troubles persistent, un traitement médicamenteux peut être envisageable.
Enfin, la fatigue est la plainte la plus fréquemment rencontrée chez les patients cancéreux. Il s’agit d’une fatigue extrême ne pouvant être effacée avec un repos nocturne. Il est donc indispensable de tenir compte de cet état et d’adapter l’alimentation en conséquence. La texture des repas peut par exemple être modifiée afin faciliter la découpe et la mastication.
Adrien Loreis, diététicien
Références
Isabelle Heyens. Rôle adjuvant de la nutrition dans le traitement du cancer. Symposium Danone. Octobre 2009.
|