Health and Food
101 Valentin 2009
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Les résultats d’une nouvelle étude montrent qu’au-delà de l’âge de 70 ans, toutes les personnes sont considérés comme étant à risque de dénutrition. Or cette affection menace non seulement la santé des personnes âgées, mais également leur qualité de vie.
Comment survient-elle?
La dénutrition peut apparaître chez les personnes âgées qui présentent une prise alimentaire réduite. Cette diminution peut faire suite à une perte d’appétit, des problèmes de mastication ou de déglutition, des moyens financiers réduits ou encore en raison de l’isolement sociale de ces personnes.
Une autre cause pouvant expliquer un état de dénutrition peut être le fait l’organisme nécessite des besoins accrus en substances nutritives, en raison d’une maladie par exemple. Si ceux-ci ne sont pas couverts, une dénutrition s’installe peu à peu.
Une personne sera considérée comme étant dénutrie si on observe chez elle une perte de poids involontaire de plus de 10% au cours des 6 derniers mois ou plus de 5% au cours du dernier mois. On parle également de dénutrition si une personne présente un indice de masse corporelle (IMC) inférieur à 20 kg/m².
Une campagne de lutte est née
En 2008, une campagne portant le nom de NutriAction a vu le jour. Cette dernière a pour but, dans un premier temps, de mieux conscientiser les personnes âgées et leur famille au sujet des avantages de la prévention et du traitement rapide de la dénutrition.
NutriAction vise également à informer les patients et leur famille grâce à des affiches et des brochures présentes dans les salles d’attente des médecins et les maisons de repos et de soins (MRS). La campagne souhaite également informer les divers groupes cibles par l’intermédiaires des médias.
Enfin, un autre objectif est de favoriser le dépistage de la dénutrition par les soignants paramédicaux et en stimuler le traitement.
Une nouvelle étude fait le point!
Dans le cadre de la campagne NutriAction lancée en 2008, une étude de grande ampleur a été réalisée au travers de toute la Belgique afin d’analyser la situation actuelle en ce qui concerne la dénutrition chez les personnes âgées. Elle s’est déroulée du 24 au 28 Novembre 2008 et a porté sur pas moins de 5334 personnes âgées de plus de 70 ans vivants soit dans leur propre domicile (975) soit séjournant en MRS (4359).Pas moins de 70 maisons de repos et 50 médecins généralistes ont apportés leur aide pour cette étude.
Un questionnaire de dépistage basé sur le Mini Nutritional Assessment (MNA) et complété par quelques questions pertinentes a été soumis aux participants afin de jauger leur état nutritionnel de la façon la plus exacte possible.
Des résultats alarmants!
L’étude a permis de mettre en évidence les points suivants:
- L’âge moyen des personnes résidant en MRS était plus élevé que celui des personnes vivant encore dans leur propre domicile.
- L’âge moyen des femmes participants à l’étude était supérieur à celui des hommes (84 ans contre 79,5).
- Près de 57% de la population examinée présentaient un risque de dénutrition lors du dépistage.
- Le risque de dénutrition semblait être plus élevé dans les MRS (ce qui ne signifie cependant pas que les personnes séjournant dans de telles institutions soient mal nourries ou mal soignées).
- Les femmes et les personnes âgées de plus de 90 ans présentaient un risque accru de dénutrition par rapport aux autres catégories de personnes lors de l’étude.
- Suivant leur indice de masse corporelle, près de 16% des personnes examinées présentaient un état de dénutrition.
- Il y avait plus de femmes dénutries que d’hommes lors de l’enquête.
- La dénutrition était plus sévère au sein des maisons de repos et de soins.
- Le nombre de patients dénutris augmentait avec l’âge.
- Quelque soit le groupe d’âge analysé lors de l’étude, toutes les personnes dépistées étaient sujettes à une perte de poids.
- Les personnes vivant dans leur propre domicile présentaient une perte de poids supérieure à celles séjournant en MRS.
- Les personnes des différents groupes d’âge étaient toutes confrontées à une perte d’appétit. Cette dernière semblait quelque peu supérieure chez les personnes vivant à domicile.
- La prévalence de problèmes de mobilité était plus élevée en MRS et semblaient augmenter avec l’âge lors de l’étude.
- Enfin, plus de la moitié des participants, quelque soit leur sexe ou leur âge, présentaient des problèmes de mobilité.
Il est temps d’agir!
Au vu de ces résultats, il est aisé de constater que la dénutrition chez les personnes âgées est un réel problème. Cette affection va non seulement avoir un impact sur la santé physique mais également psychique des seniors ainsi que sur leur mobilité et donc leur autonomie. La dénutrition va en outre entraîner une augmentation des coûts médicaux.
Pour toutes ces raisons, il est important de la prévenir et de la traiter. Il existe différentes manières simples pour prévenir la dénutrition et s’assurer que le patient prenne suffisamment de nutriments. Les solutions les plus simples sont des conseils diététiques et l’insertion de petites collations entre les repas.
Il faut savoir que tous les patients dénutris n’ont pas la capacité d’assimiler une alimentation normale dans des quantités suffisantes. Pour eux, il existe des suppléments alimentaires protéinés et énergétiques (suppléments liquides).
Traiter et prévenir la dénutrition permettra à tout le monde d’être gagnant, qu’il s’agisse du patient en question, de sa famille ou encore du personnel soignant.
Alexandre Dereinne, diététicien
Références
Nutriaction. Résultats de l’étude sur la dénutrition chez les personnes âgées en Belgique. Conférence de presse donnée le 19 août 2009 à Bruxelles.
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