Par Nicolas Rousseau
" HEALTH & FOOD " numéro 45,
Février-Mars 2001
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La plupart des ménages consacrent aujourd’hui moins de 20 % de leurs revenus à leur alimentation. Toutefois, l’arbre cache la forêt, car si le Belge alloue proportionnellement moins d’argent qu’autrefois à son alimentation, sa perception de l’assiette a fortement évolué. Actuellement, il arrête ses choix en premier lieu en fonction de la qualité, de la fraîcheur et du goût. La santé gagne également en importance, le consommateur s’identifiant de plus en plus à son assiette.
La fourchette affirme sa personnalité
D’après Chris Moris, directeur général de la Fevia, le rythme effréné qui accompagne le mode de vie actuel, le travail du couple, le rétrécissement de la cellule familiale et l’augmentation du nombre de personnes seules et de familles monoparentales conditionnent de nouveaux comportements alimentaires. A l’instigation de la Fevia, le bureau d’études de marché Censydiam Future Watch a dégagé en Belgique les nouvelles tendances “ de bouche “*. Ainsi, l’organisation des repas au quotidien disparaît. L’horaire, le nombre, la présence des membres de la famille sont devenus des composantes fluctuantes du repas. La structure même de cet acte de la vie quotidienne s’est assouplie, accordant plus de liberté aux choix individuels. Cette situation entraîne la prise d’en-cas, qui deviennent des repas à part entière. On observe, à l’inverse, l’aménagement de moments préétablis, consacrés au plaisir de la table en famille ou entre amis.
La perception intuitive et personnelle de la santé de l’individu se retrouve dans ses choix alimentaires. Etre en bonne santé est une notion qui doit être aujourd’hui comprise dans sa globalité. En effet, le consommateur attache autant d’importance à l’aspect nutritionnel de l’aliment qu’à la manière dont il satisfait à ses aspirations spirituelles, émotives et fonctionnelles. Le plaisir est à la table ce que la facilité est au wok. En effet, de nouvelles méthodes de préparation sont expérimentées. Appétissantes, elles nécessitent des ingrédients venus d’ici et d’ailleurs, riches et savoureux, cuisinés en un tour de main. Les produits frais et naturels, issus d’une agriculture biologique et “ à l’ancienne “ inspirent la confiance et rencontrent un vif succès. Ils constituent une réaction à l’industrialisation croissante de la production alimentaire à grande échelle, sur laquelle le consommateur a l’impression de ne pas pouvoir exercer de contrôle. Enfin, la gastronomie ne laisse plus la place au compromis. L’aliment doit concilier goût, commodité et santé, sous peine d’être irrémédiablement rejeté.
Je mange donc je suis … en bonne santé
Afin de répondre aux attentes du consommateur, l’industrie alimentaire se doit d’innover continuellement en développant de nouveaux produits. Plats préparés, en-cas améliorés, ingrédients plus savoureux, produits bio,… viennent régulièrement garnir les étals des supermarchés. En Belgique, une personne sur trois présente une surcharge pondérale et une personne sur dix est obèse, en dépit des campagnes de sensibilisation menées à propos de l’importance d’une alimentation équilibrée. Le consommateur doit pouvoir opérer un choix en toute connaissance de cause afin de pouvoir doser et varier son alimentation en concordance avec son mode de vie. L’occasion fait le larron et l’industrie alimentaire concentre actuellement ses efforts sur le développement de produits à haute valeur ajoutée pour la santé : les aliments fonctionnels. Sur ce plan cependant, la Fevia a pris l’initiative, en concertation avec les instances officielles et les différents acteurs du secteur, d’élaborer un code de conduite pour veiller à ce que les allégations santé soient étayées et correctement utilisées. Pour que l’art de plaire ne soit pas l’art de tromper !
Nicolas Rousseau
Diététicien Nutritionniste
D’après la conférence de presse “Que mangeons nous aujourd’hui?”, Fevia, Bruxelles, 30 novembre 2000. |