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Sel et coeur sous haute tension

La limitation des apports sodés reste d’actualité mais elle gagne à être accompagnée d’autres mesures « cardio-protectrices ».

Par Nicolas Guggenbühl

" HEALTH & FOOD " numéro 50,
Janvier 2002

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Le sel, c’est mauvais pour la tension. Voilà qui n’est pas neuf et qui n’effraye pas. Pourtant, la relation entre le sel et la tension a fait l’objet de nombreuses données contradictoires, notamment en raison des différences de sensibilité à la restriction sodée. En marge du sodium, d’autres nutriments sont susceptibles d’influencer, favorablement cette fois, la tension. Pour l’heure, seul le potassium semble toutefois à même d’exercer un effet significatif et indépendant sur ce paramètre. Mais plutôt que de tenter de cerner, en vain, les effets indépendants de chaque nutriment, l’alimentation prise dans son ensemble permet de fournir d’excellents résultats, même sans modification de la consommation de sodium. C’est en tout cas un des enseignements majeurs de l’étude clinique DASH (Dietary Approaches to Stop Hypertension), dont les premiers résultats ont été publiés en 1997 (1).

 
Régime DASH seul
Régime « contrôle » + restriction sodée (1,5 g Na/j)
Régime DASH + réduction sodée (1,5 g Na/j)
Avec hypertension
7/3
8,3/4,4
12/6
Sans hypertension
5/3
5,4/2,8
7/4

Faut-il pour autant laisser tomber le sel ? Non, comme vient encore de le montrer une nouvelle étude d’intervention, DASH-sodium, menée sous l’égide du National Heart, Lung, and Blood Institute (2).

Le régime DASH consiste en une alimentation riche en fruits, légumes et produits laitiers maigres et pauvre en lipides totaux, en acides gras saturés et en cholestérol. On y retrouve plus de produits céréaliers complets, de volaille, de poisson, de noix et moins de matières grasses ajoutées, de viande rouge, de sucreries et de boissons sucrées.

Des résultats pour tous !

Cette nouvelle étude, menée auprès de 412 participants âgés de 22 ans et plus, consistait à soumettre, pendant 14 semaines, deux groupes à deux régimes différents : le premier, typiquement américain, le second, selon les principes DASH. Toute la nourriture leur était fournie pendant la durée de l’intervention, à savoir 14 semaines. Dans chaque groupe, 3 niveaux de sodium étaient maintenus pendant un mois : le plus élevé était comparable à la consommation moyenne au Etats-Unis (3,3 g Na/j), les deux autres étant désodés (2,4 g/j et 1,5 g/j).

Les résultats confirment les points suivants :

  • le régime DASH permet, à lui seul (sans effet « sodium »), de réduire la pression sanguine
  • la diminution de la pression sanguine obtenue est d’autant plus marquée que la réduction sodée est importante

Cette étude apporte comme nouvel élément :

  • la réduction a lieu dans tous les sous-groupes de la population étudiée : les personnes avec et sans hypertension ou avec une histoire familiale d’hypertension, les adultes jeunes et les plus âgés, les femmes et les hommes, les Afro-américains et les autres races, les obèses et les non-obèses, les personnes ayant un niveau d’activité physique faible et élevé, un tour de taille petit ou grand, des revenus familiaux et un niveau d’éducation faible ou élevé.

Au-delà de la tension

L’intérêt de la méthode DASH ne réside pas uniquement dans son effet sur la tension. D’autres travaux menés depuis ont montré que ce régime exerçait en outre bien d’autres modifications favorables à la santé cardio-vasculaire, notamment une réduction du cholestérol LDL et de l’homocystéine plasmatique (3). Enfin, les principes de ce régime, parfaitement superposables à ceux d’une alimentation saine, ne demandent pas des sacrifices aussi importants qu’un régime pauvre en sel, où des aliments de base comme le pain ou le fromage doivent être choisis en version « sans sel ». Un point particulièrement important lorsque l’on considère le fossé qui se creuse entre certains conseils diététiques très théoriques et leur implémentation dans la vie quotidienne.

Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste

Réf.
(1) Appel et al. N Engl J Med 1997 ; 336(16):1117-24.
(2) Mudrow C. Ann Intern Med 2001 Dec 18;135(12):1084-1086.
(3) Obarzanek E et al. Am J Clin Nutr 2001 Jul ;74(1):80-9.

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