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Régime : quand les protéines s'en mêlent !

Les diètes protéiques ou régimes à très basse valeur calorique permettent d’obtenir une perte de poids rapide. Pour des résultats durables, des changements en profondeur s’imposent.

Par Nicolas Rousseau

" HEALTH & FOOD " numéro 52,
Mai 2002

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Les diètes protéiques, encore appelées régimes à très basse valeur calorique ou VLCD (Very Low Calorie Diet) apportent généralement entre 400 et 600 kcal, c’est-à-dire un niveau de restriction qui fait maigrir le plus récalcitrant des obèses qui s’y tiennent. C’est d’ailleurs là une des indications, par exemple en vue de préparer un patient à une chirurgie. Par contre, le réflexe sachet n’a qu’une piètre valeur éducative. Il s’agit donc d’une arme à double tranchant.

Protéique n’est pas hyperprotéiné

Virtuellement dépourvues d’énergie lipidique et avec des teneurs en glucides basses, voire presque nulles (selon le degré de cétose recherché), les VLCD contiennent surtout des protéines, d’où leur nom de diètes protéiques. Ces régimes ne sont pas hyperprotéinés pour autant : l’apport en protéines se situe entre 1,2 et 1,5 g par kilo de poids idéal, c’est-à-dire légèrement plus que le 1 g/kg visé dans le cadre d’une alimentation équilibrée, mais ce chiffre n’est pas forcément supérieur à ce qu’apporte une alimentation courante.

Plus que la méthode en soi, c’est surtout la façon de la mener qui doit être discutée. C’est probablement ce qui explique que les résultats obtenus peuvent être très différents, comme en témoigne une revue récente de la littérature (1). Sur base de 9 études randomisées avec un recours aux VLCD dans le cadre d’un programme pour le maintien de la perte de poids à long terme, l’évolution du poids, exprimée en pourcentage de la perte de poids initiale, s’échelonne de -7 % à 122 % après un an, et de 26 à 121 % après 5 ans.

VLCD contre régime hypocalorique équilibré

Les kilos perdus rapidement reviennent-ils au galop ? Si c’est souvent ce que l’on entend, ce n’est pas ce qui ressort d’une méta-analyse ayant examiné, sur base de 29 études menées aux Etats-Unis, les résultats obtenus à long terme (2). Il en ressort qu’après 4 ou 5 ans, la perte de poids ainsi que le pourcentage des personnes qui maintiennent la perte de poids sont significativement plus élevés après une VLCD qu’après un régime hypocalorique équilibré. La perte de poids ne différait pas selon le sexe. Les personnes ayant perdu au moins 20 kg avaient maintenu, 5 ans après le régime, une perte de poids plus importante que celles ayant perdu moins de 10 kg.

Si cela va à l’encontre de certaines idées reçues, cela ne constitue pas pour autant une nouvelle généralité. Ainsi, une étude récente effectuée auprès de patients obèses diabétiques a comparé deux types de régime, l’un VLCD, l’autre hypocalorique avec de l’exercice physique (3). Dans cette étude, qui ne comptait que 15 patients dans chaque groupe, la perte de poids s’avère plus lente mais plus durable avec le régime équilibré (- 8,9 kg versus - 4,8 kg après 5 ans).

Sous contrôle médical

Quelle que soit la méthode envisagée, l’obtention de résultats durables nécessite des changements en profondeur. Les VLCD provoquent un amaigrissement environ 3 fois plus rapide qu’avec un régime hypocalorique à 1500 kcal. Mais un tel niveau de restriction ne devrait s’envisager que sous contrôle médical. De plus, une supplémentation en certains nutriments, en particulier le potassium, s’avère indispensable. Un suivi diététique destiné à réaménager progressivement une alimentation équilibrée est tout aussi nécessaire pour éviter le fameux « yo-yo ». Sans parler de l’encadrement psychologique, qui peut jouer un rôle crucial. Autant de précautions qui font de l’ « autoprescription » de tels régimes, parfois proposés comme la panacée, sans aucun contrôle médical, une véritable menace pour la santé.

Le futur et les synergies

Jusqu’à présent, aucun édulcorant n’a pu remplacer la saveur inimitable du saccharose. Le sucre se cuisine également plus facilement que la plupart de ses substituts. Chaque édulcorant a enfin ses propres caractéristiques. La science des édulcorants est cependant à la pointe et de nouvelles molécules très puissantes (le néotame, entre autres) sont en cours d’étude. En attendant, on trouve des solutions alternatives comme les associations d’édulcorants entre eux ou avec le sucre. En les mélangeant, les édulcorants agissent en synergie si bien qu’il en faut moins pour reproduire la saveur sucrée recherchée.

Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste

(1) Saris WH. Obes Res 2001;9 :295S-301S.
(2) Anderson JW et al. Am J Clin Nutr 2001;74(5):579-84.
(3) Paisey RB et al. J Hum Nutr Diet 2002;15(2):121-7.

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