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Meilleur, le bio ?

Le boom du bio est une réalité, même certaines grandes marques s’y mettent. Si son succès s’appuie en bonne partie sur les crises sanitaires, est-il pour autant justifié ? Le point.

Par Nicolas Rousseau

" HEALTH & FOOD " numéro 55,
Octobre-Novembre 2002

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Fruits, légumes, et depuis peu viande, poisson, produits laitiers et leurs dérivés, pratiquement tous les aliments courants ont aujourd’hui leur équivalent bio. En fait, selon Test-Achats* qui a fait le bilan du secteur récemment, les ventes des produits bio ont littéralement explosé ces dernières années : de 2,5 milliards de recettes en 1997, le marché pesait environ 3 fois plus en 1999. Mais c’est surtout le segment de la viande bio qui a progressé de la manière la plus spectaculaire : + 50 % en 2000…

L’effet de mode passé, il faut aujourd’hui se poser la question si les aliments bio apportent réellement un plus, aussi bien pour la santé que pour l’environnement.

N’est pas bio qui veut

Depuis 1993, il existe en effet une réglementation européenne qui fixe les règles du jeu du mode de production et de la présentation à la vente des produits bio. Celle-ci régente dans les plus petits détails la chaîne du bio, de la fourche à la fourchette. Elle a subi quelques années plus tard une mise à jour, avec l’arrivée sur le marché des produits issus de l’élevage bio.

Bien sûr, la « philosophie bio » implique que ne l’on n’utilise pas d’engrais artificiels, d’Ogm, de pesticides (elle se différencie pour cela de l’agriculture intégrée, où ils sont autorisés avec précaution), de stimulateurs de croissance et le moins possible d’antibiotiques. Mais elle ne se limite pas à cela. Elle encourage également les bonnes pratiques de culture et d’élevage, en mettant l’accent sur les énergies renouvelables et le bien-être animal.
Les produits transformés doivent aussi répondre à la réglementation européenne.

Légalement, on fait la distinction entre deux catégories :

  • les denrées comportant au moins 95 % d’ingrédients biologiques et qui peuvent être vendus sous le terme « Produits biologiques » ;
  • les denrées contenant entre 70 et 95 % d’ingrédients biologiques, qui sans pouvoir porter l’appellation doivent néanmoins renseigner ce pourcentage sur l’emballage.

A cet égard, les produits bio sont avantageux, puisque l’on peut retrouver plus facilement tout l’historique des ingrédients, chose qui n’est pas toujours possible dans le segment « traditionnel ».

Des contrôles sévères

Si le terme « biologique » est protégé légalement, en Belgique, les produits bio peuvent aussi prétendre au label « Biogarantie », qui stipule que le producteur doit non seulement cultiver ou élever de manière bio, mais également conditionner son produit dans des emballages écologiques. L’octroi d’un tel label est placé sous l’égide de Blik en Flandre et d’Ecocert en Wallonie, les autorités régionales compétentes en la matière, indépendantes et contrôlées par le Ministère de l’Agriculture. Non seulement, tout exploitant bio doit signaler sa présence auprès de l’organisme dont il dépend, mais il doit aussi accepter de se soumettre à des contrôles réguliers, généralement deux fois par an, sur rendez-vous ou à l’improviste.

Mais le label Biogarantie n’englobe pas tous les produits bio, et la libre circulation au sein de l’Union européenne devrait sans doute inciter les autorités européennes à implémenter l’obligation d’un label unique européen…

Sûr, sain, bon, meilleurs ?

Pour bon nombre de scientifiques et comme le souligne Test-Achats, « à l’heure actuelle, il n’y a pas de preuves scientifiques démontrant que l’usage actuel des pesticides dans l’agriculture classique, dans des conditions normales, représente un danger pour la santé des consommateurs. En revanche, le fait de limiter l’usage des additifs, d’administrer le moins de médicaments possibles aux animaux tout en veillant à leur bien-être est sûrement une attitude plus responsable ».
Aucune étude à ce jour n’a pu aussi prouver que les produits bio étaient plus sains que les aliments traditionnels. Certes, la teneur en matière sèche est généralement légèrement plus élevée, si bien que l’on enregistre parfois des concentrations en vitamines (C notamment) supérieures, mais les différences demeurent minimes. Une salade bio conservée à température ambiante durant plusieurs jours perdra autant de vitamine C que son homologue « classique ». De plus, le fait de ne pas utiliser des produits tels que certains fongicides peut augmenter le risque lié à des dangers naturels, comme les mycotoxines. Enfin, il est également difficile de tirer des conclusions claires sur le goût, car il ne dépend pas uniquement du mode de production, mais aussi de la race, de la fraîcheur, du mode de préparation…
Un des messages essentiels à faire passer, pour les fruits et légumes en particulier, est que nous n’en mangeons pas assez… Alors, si le bio peut contribuer à enrichir l’assiette en végétaux… Eh bien tant mieux !

Nicolas Rousseau
Diététicien Nutritionniste

Réf. * Tests-Achats – n°446 – Septembre 2001

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