Par Nicolas Rousseau
" HEALTH & FOOD " numéro 70, Mars/Avril 2005
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Les substituts de repas sont nombreux par les marques représentées, mais aussi par les gammes de produits commercialisés. Poudres à reconstituer, potages, laitages, biscuits, barres céréalières… sont destinés à remplacer l’alimentation courante dans le but de perdre du poids. Malgré certains désavantages évidents comme l’exclusion sociale, le peu de mastication, la prépondérance de produits sucrés, le manque de rééducation comportementale face à l’aliment et leur coût élevé, les substituts de repas donnent de bons résultats en termes de perte de poids, même à long terme, grâce notamment à leur fort pouvoir satiétogène. Analyse de la situation.
Une législation rigide
Tous ces produits sont soumis à une directive européenne datant 1996. Celle-ci fait une distinction entre les produits remplaçant la totalité de la ration journalière (ou substituts de la ration journalière totale) et ceux se substituant à un ou plusieurs repas (ou substituts de repas). Elle fixe entre autres les conditions d’utilisation et leur composition nutritionnelle. Ainsi, dans le premier cas, l’apport énergétique total (AET) doit comporter au moins 800 kcal par jour. L’apport de lipides totaux ne doit pas dépasser quotidiennement les 30 % de l’AET et comprendre au moins 4.5 g d’acide linoléique. Les fibres doivent être fournies à raison de 10 à 30 g par jour et les besoins en vitamines et minéraux (exprimées en pourcentages de l’apport journalier recommandé ou AJR) doivent être entièrement assumés. Chaque substitut de repas doit procurer entre 200 et 400 kcal par jour et l’apport énergétique cumulé ne doit pas outrepasser journellement les 800 kcal. Le substitut doit être composé de protéines à proportion de 25 à 50 % de l’AET avec un maximum de 125 g. Les conditions pour les lipides sont semblables à la ration journalière, et les vitamines et minéraux doivent être couverts pour chaque portion à raison de 30 % des AJR.
Diabète et perte de poids
De nombreuses études portant sur les substituts de repas sont présentes dans la littérature, généralement portées à bout de bras par les grandes marques du secteur. Après lecture critique et sélection des études les mieux conçues, il apparaît des résultats plus que satisfaisants avec le recours à leur utilisation. En témoigne une étude conduite auprès de 104 individus obèses et diabétiques de type 2 (1) engagés dans un programme d’amaigrissement étalé sur 12 mois. Les volontaires étaient astreints de manière aléatoire soit à des substituts de repas à base de soja comprenant aussi un plan diététique d’accompagnement, soit un plan diététique seul individualisé, reposant sur les recommandations de l’American Diabetic Association. Verdict : après un an, le pourcentage de perte de poids était deux fois plus important dans le groupe recevant les substituts (- 4.6%) que dans le groupe « diététique » (- 2.3%). La glycémie à jeun avait également sensiblement diminué avec les substituts (126.4 mg/dl) en comparaison du contrôle (152.5 mg/dl) après 6 mois, mais pas à un an. Par rapport aux chiffres initiaux et au contrôle, les taux d’hémoglobine glycosylée étaient améliorés de 0.49%. Et ce n’est pas tout. Les patients recourant aux substituts ont également réduit leur consommation de sulfonylurées et de metformine. Enfin, les taux de CRP (C-reactive protein) ont baissé après 12 mois de 26 % avec les substituts contre 18% pour les conseils diététiques seuls. Pour les auteurs de cette étude, les substituts de repas sont certainement une stratégie de perte de poids à ne pas négliger chez le diabétique de type 2 au vu de l’amélioration de ces nombreux paramètres.
A égalité avec les régimes
Dans une autre étude récente (2), l’effet amaigrissant des substituts de repas a été opposé à un régime hypocalorique standard chez des Australiens en surpoids, pendant deux périodes de 3 mois. Chaque groupe recevait des informations orales et écrites de la part d’un diététicien. Le groupe substitut devait prendre deux produits par jour et clôturer la journée avec un souper pauvre en graisse pour un AET d’environ 1500 kcal. Le groupe contrôle suivait quant à lui un régime hypocalorique classique à 1500 kcal par jour. En bref, deux bilans énergétiques identiques, mais deux approches singulièrement différentes. Après 6 mois d’efforts, le bilan s’est soldé par la même perte de poids dans les deux groupes : respectivement 9 et 9.2 kilos en moins. Les concentrations sériques de folates et de bêta-carotène étaient plus élevées dans le groupe substituts (l’effet « 30% des AJR », probablement), ainsi que l’apport alimentaire de calcium. Dans le groupe contrôle, l’apport de fibres était légèrement meilleur et les deux groupes ont vu une diminution significative du taux d’homocystéine plasmatique. A première vue, aucun intérêt de remplacer le bon vieux régime conventionnel puisque le résultat obtenu est similaire à celui des substituts de repas. Mais, des différences significatives émergent quand on évoque la compliance et le confort des deux méthodes : celles-ci sont nettement meilleures avec les substituts de repas dans cette étude. Des éléments qui sont bien dans la tendance actuelle ou facilité et rapidité sont les maîtres mots du mangeur moderne…
Nicolas Rousseau
Diététicien nutritionniste
Références :
Li Z et al. Eur J Clin Nutr 2005;59 (3):411-8
Noakes M et al. J Nutr 2004;134(8):1894-9
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