Health and Food
96 Printemps 2009
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L’acide folique est aussi appelé vitamine B9, folacine, acide ptéroylglutamique, acide ptéroyl-monoglutamique, ptéroyl-polyglutamate. Le terme d’acide folique désigne un groupe de composés synthétisés par les plantes et les micro-organismes. Les folates représentent la forme de la vitamine présente naturellement dans les aliments. L’homme ne les synthétise pas mais ils sont indispensables. Ils interviennent dans le transfert des groupes monocarbonés nécessaires à la synthèse des bases puriques et d’une base pyrimidique, la déoxythymidine.
Un apport indispensable
La concentration de folate dans les érythrocytes fournit une bonne appréciation du statut nutritionnel et donne un reflet des réserves corporelles. L’apport quotidien en folates recommandé par le Conseil supérieur d’Hygiène est de 200 µg/j. L’acide folique et ses dérivés sont présents dans la plupart des aliments. Parmi les plus riches, on trouve la levure de bière et le foie. Celui-ci contient environ la moitié des folates de l’organisme. Ils y sont présents sous forme d’acide folique, dihydrofolique, tétrahydrofolique avec ou sans groupe monocarboné. Chacun de ces acides peut se trouver sous forme de monoglutamate ou polyglutamate.
L’acide folique est utilisé pour traiter les états de carence se manifestant le plus souvent par une anémie macrocytaire. La supplémentation (400µg/j) de la femme enceinte en acide folique réduit le risque d’anomalie par défaut de fermeture du tube neural de l’enfant (spina bifida). Il est conseillé de prendre au moins cette dose journalière un mois avant la conception de l’enfant et de le poursuivre durant les premiers mois de la grossesse. La vitamine B9 est indispensable si la femme enceinte reçoit un traitement antiépileptique, susceptible de provoquer un déficit. Cela pourrait même être conseillé systématiquement à une dose d’environ 0.5 mg/jour. Aux doses conseillées, l’acide folique ne semble pas provoquer d’effets indésirables.
Sur l’hypertension
On sait que les folates exercent des effets bénéfiques importants sur la fonction endothéliale mais les informations restent peu nombreuses au sujet de la prise des folates et de leur incidence sur l’hypertension. Forman et al. ont voulu déterminer si une prise élevé de folates est associée à un faible risque d’incidence de l’hypertension. Deux études prospectives de cohorte ont été menées. L’une, l’étude the Nurses’ Health Study II, a été effectuée entre les années 1991 et 1999 chez 93 803 jeunes femmes âgées de 27 à 44 ans. L’autre, l’étude the Nurses’ Health Study I, a mobilisé, entre les années 1990 et 1998, 62 260 femmes âgées de 43 à 70 ans. Toutes ces participantes n’avaient aucun antécédent médical d’hypertension. Sur les huit années du suivi des risques relatifs d’incidents de l’hypertension, les chercheurs ont identifié 7373 cas d’hypertension chez les jeunes femmes et 12 347 cas chez les femmes plus âgées. Les jeunes femmes qui consommaient, avec la prise de suppléments, au moins 1000 µg de folates par jour ont vu une diminution du risque d’hypertension par rapport à celles qui consommaient moins de 200 µg/j. La réduction du risque absolu chez les jeunes femmes était approximativement de 8 cas par 10000 personnes-années. Chez les femmes plus âgées la réduction du risque absolu était à peu près de 6 cas par 10000 personnes-années. Les auteurs de l’étude concluent en disant qu’une prise importante de folates est associée à une diminution du risque de l’incidence de l’hypertension, particulièrement chez les jeunes femmes.
Sur l’hyperhomocystéinémie
L’hyperhomocystéinémie modérée est une anomalie métabolique fréquente qui est reconnue comme un facteur de risque cardio-vasculaire indépendant. Plusieurs études cas-contrôles et de prévalence récentes mettent en évidence une association entre la maladie thrombo-embolique veineuse et l’hyperhomocystéinémie modérée. Le rôle pro-coagulant de l’homocystéine s’exerce sur plusieurs voies de l’anticoagulation, notamment par une inhibition du système de la thrombomoduline, des protéines C et S. Sous l’influence de la 5- méthyl-tétrahydrofolate-homocystéine-méthyl- transférase, l’homocystéine est transformée en méthionine. L’administration d’acide folique à faible dose pourrait réduire les accidents cardiovasculaires liés à l’hyperhomocystéinémie modérée.
L’équipe de Racek a étudié les effets des folates et des antioxydants sur les taux d’homocystéine et sur les marqueurs de stress oxydatifs ainsi que la possibilité d’effets lors d’une prise associée. Cent patients avec une hyperhomocystéinémie (> 15 µmol/l) ont été repartis en quatre groupes. Le premier groupe prenait uniquement des folate (5mg/j). Le second recevait des antioxydants, à savoir une association de vitamine E (300mg/j), de vitamine C (200 mg/j), de bêta-carotène (24 mg/j), de troxerutine (600 mg/j) et de sélénium (50 µg/j). Le troisième groupe avait un traitement associant les folates et les antioxydants. Le dernier groupe servait de contrôle. L’homocystéine sérique, les folates et les marqueurs du stress oxydatif ont été mesurés avant l’étude, à la fin des deux mois d’administration et finalement trois mois après la dernière mesure. Les folates engendrent une diminution significative de la concentration d’homocystéine. Les antioxydants n’influencent pas la concentration en homocystéine mais ils prouvent leurs défenses anti-oxydatives et partiellement ils préviennent la peroxydation des lipides.
La Rédaction
Références
Conseil Supérieur d’Hygiène. Recommandations nutritionnelles pour le Belgique. Révision 2003 :84-5
Forman JP et al., JAMA 2005; 293: 320-9.
Racek J et al. Physiol Res 2005; 54: 87-95. |