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Des Lactobacillus contre la dermatite atopique

La prévalence de la dermatite atopique a fortement augmenté ces dernières années. Face à cette affection mystérieuse, les probiotiques se présentent de plus en plus comme une piste de choix, avec des effets thérapeutiques, mais aussi préventifs à la clé.

Par Nicolas Guggenbühl et Magali Jacobs

" HEALTH & FOOD " numéro Spécial, Mai 2005

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Alors que les infections touchent de moins en moins les jeunes enfants, les allergies connaissent une nette augmentation. Une des manifestations cutanées est la dermatite atopique, dont la prévalence est en constante augmentation. Elle connaît, en Europe, un gradient nord-sud : de 5 % en Espagne, à 20 % en Grande-Bretagne, sans que l’on soit en mesure d’expliquer pourquoi.

Selon la théorie hygiéniste, un faible contact avec des agents infectieux au début de la vie rendrait le système immunitaire plus « disponible » pour réagir à des allergènes potentiels. La muqueuse intestinale semble également jouer un rôle déterminant dans le mécanisme allergique. En diminuer la perméabilité réduit la probabilité de voir des allergènes passer dans la circulation, ce qui s’avère utile chez des enfants à risque d’allergie. Les probiotiques, par leur action trophique sur les cellules de la muqueuse intestinale, se présentent ici comme des alliés de choix. Ils ont déjà à leur actif de sérieux arguments dans le domaine de la dermatite atopique, manifestation cutanée fréquente chez les enfants souffrant d’allergie.

Lactobacilles à la rescousse

Plusieurs études randomisées, réalisées en double aveugle, ont comparé les effets de certaines souches de probiotiques (Lactobacillus GG ou L. rhamnosus et L. ruteri) à ceux d’un placebo chez des enfants atteints de dermatite atopique. Elles font état d’une réduction des symptômes intestinaux et cutanés chez les enfants allergiques qui avaient reçu des probiotiques. Toutefois, ce bénéfice n’est significatif que chez les enfants ayant un taux élevé d’IgE, les immunoglobulines médiatrices de la réaction allergique.

Une étude portait sur des enfants suspectés d’être allergiques au lait de vache (1). Il a été montré que chez ceux dont l’allergie était confirmée, la supplémentation en probiotiques entraînait une amélioration significativement plus importante que le groupe contrôle (Viljanen et al.). Les probiotiques amélioreraient donc la symptomatologie d’enfants atteints de dermatite atopique, surtout dans le cadre d’une véritable allergie.

Certaines souches de probiotiques se sont également révélées efficaces dans la prévention de la pathologie allergique. Kalliomaki et al. ont mené une étude randomisée, en double aveugle, auprès de futures mamans présentant un terrain familial atopique (2). Elles ont pris, avant la naissance, soit un placebo soit un supplément de Lactobacillus GG. Leur enfant en a reçu également, pendant 6 mois après la naissance. Les résultats indiquent qu’à deux ans, seuls 23% des enfants ayant reçu les probiotiques manifestaient de la dermatite atopique, contre 46% des enfants ayant reçu le placebo. Les propriétés préventives du Lactobacillus GG se sont donc révélées assez spectaculaires, puisqu’elles réduisent le risque allergique de 50%. Dans une autre étude, ces mêmes chercheurs qui ont suivis ces enfants jusqu’à 4 ans, ont observé un effet préventif encore après ce laps de temps.

La guerre des souches

La problématique de l’allergie est complexe, et l’étiologie de la dermatite atopique encore mal connue. Globalement, différentes recherches mettent en évidence le rôle bénéfique des souches probiotiques sur plusieurs aspects de la fonction intestinale, ainsi que sur les manifestations allergiques qui y sont liées. Toutefois, ce qui est observé avec une souche ne l’est pas forcément avec une autre, et l’on ne peut donc pas extrapoler les résultats obtenus avec, par exemple, le Lactobacillus GG à tous les probiotiques. Le terrain reste cependant très prometteur, avec un rapport risque/bénéfice faible. L’administration de probiotiques pourrait devenir un outil de choix pour lutter contre la dermatite atopique.

Magali Jacobs et Nicolas Guggenbühl

Références
(1) Viljanen et al., Allergy 2005;60:494-500.
(2) Kalliomaki et al., Lancet 2001;357:1076-1079.
(3- Kalliomaki et al., Lancet 2003;361:1869-1871.

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