Par Nicolas Guggenbühl
" HEALTH & FOOD " numéro 46,
Avril-Mai 2001
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Il a la couleur et l'odeur du café mais ce n'est pas un “petit noir” ordinaire. D'abord parce que vous ne le trouverez qu'en pharmacie à un prix qui dépasse celui du plus pur des arabicas, ensuite et surtout parce qu'il constitue, à en croire le slogan qui l'accompagne « La percée absolue dans la maîtrise du poids » ! Son nom donne le ton : Dynasvelte. Pas besoin de prononcer le mot tabou « maigrir » pour savoir qu'il s'agit d'un nouveauvenu dans le registre des formules censées s'attaquer, sans régime et sans effort, au contenu des adipocytes pour en « brûler » le contenu. Car c'est bien d'une histoire de chaleur qu'il s'agit : le breuvage augmenterait la thermogenèse, c'est-à-dire la production de chaleur par l'organisme, ce qui ferait fondre la graisse comme neige au soleil.
La thermogenèse constitue un axe de recherche important dans l'obésité. Un défaut de cette composante de la dépense énergétique pourrait contribuer à expliquer, en partie, pourquoi certaines personnes ont plus de mal que d'autres à dissiper tout excédent énergétique en chaleur. L'exploration des mécanismes de la thermogenèse, notamment des protéines découplantes trouvées dans le tissu adipeux brun et qui favorisent cette perte énergétique, laissent entrevoir de sérieuses pistes dans le traitement futur de l'excès de poids. Mais actuellement, les moyens dont on dispose pour agir sur cette composante de la dépense énergétique sont limités.
La caféine est dotée d'un léger effet thermogénique : tout café (et le thé) sont donc d'autant plus thermogéniques qu'ils apportent plus de caféine (ou de théine). L'effet est cependant modeste : l'ingestion de 200 mg de caféine (3 à 3,5 tasses du dit café, moins riche en caféine qu'un café ordinaire) engendre une augmentation du métabolisme de base de quelque 7 % pendant 3 heures. Il faudrait, à ce rythme, attendre une cinquantaine de jours pour « brûler » l'équivalent d'un kilo de graisse. L'obèse devrait attendre plus longtemps encore : la dépense énergétique induite par le café est d'environ 35 % inférieure à celle observée chez le sujet mince (2).
En marge du café, Dynasvelte contient du chrome et du fructose. Ce dernier est reconnu comme ayant un index glycémique bas, ce qui peut s'avérer utile pour éviter les fringales dues à une diminution rapide de la glycémie (par exemple une hypoglycémie réactionnelle consécutive à l'ingestion massive de glucides à résorption rapide). Mais son apport énergétique est le même que celui de tout glucide (4 kcal ou 19 kJ/g) et il peut difficilement prétendre exercer un quelconque effet amaigrissant.
Pour ce qui est du chrome, certaines études suggèrent qu'il peut aider au maintien, voire au développement de la masse maigre lors d'un régime mais le sujet est très controversé. Certaines études humaines n'ont trouvé aucun effet d'un supplément en chrome sur la composition corporelle (3), d'autres auteurs suggèrent que la réponse de l'organisme au chrome dépend de son statut en cet oligo-élément (4). Rien ne permet de supposer que nous manquions de chrome. La forme de chrome utilisée dans Dynasvelte est celle du chrome lié à la niacine qui, contrairement au picolinate de chrome, ne pose pas de problème de toxicité pour la posologie préconisée (3 tasses par jour).
Quoi qu'il en soit, aucune étude scientifique sérieuse n'est actuellement en mesure d'affirmer que l'association de ces trois constituants dits « actifs » (caféine, chrome, fructose) du breuvage exerce un effet sur le poids corporel différent de ce qu'ils peuvent exercer séparément, c'est-à-dire pas grand chose.
Nicolas Guggenbühl
(1) Koot P et al. Ann Nutr Metab 1995;39(3):135-42.
(2) Bracco D et al. Am J Physiol 1995;269(4Pt1):E671-8.
(3) Walker LS et al. Med Sci Sports Exerc 1998;30(12):1730-7.
(4) Andrson RA. Nutr Rev 1998;56(9) :266-70.
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