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Diété-Toc N°61
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Le “bio” et la santé : de la passion... à la raison

Pour vivre sainement, il FAUT manger “bio” ! Les aliments issus de productions biologiques ont-ils réellement une valeur nutritionnelle supérieure ?

Par Nicolas Guggenbühl

" HEALTH & FOOD " numéro 61,
Octobre-Novembre 2003

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Le “bio” fait l'objet de prises de position très diverses, qui relèvent plus souvent de la philosophie que de la science nutritionnelle. Pour les uns, ce n'est qu'une supercherie. Pour les autres, c'est une voie incontournable pour cultiver son capital santé. Les produits “bio” sont soumis à une législation européenne. Des mentions telles qu

e “issu de l'agriculture biologique” ou même, tout simplement “bio” correspondent à des critères bien précis, tout au moins sur la production, pas sur le contenu. Or, de nombreux consommateurs achètent “bio”, convaincus d'accroître leur apport en vitamines, minéraux et oligo-éléments.

Bien sûr, on peut s'attendre à ce qu'il n'y ait pas, dans les produits “bio”, de résidus de produit phytosanitaire. Et on peut affirmer que le “bio” est excellent pour la santé… de la terre. Quant à savoir en quoi il est supérieur pour la santé de l'homme, c'est déjà plus difficile…

L'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) a étudié récemment la question du “bio”, notamment en ce qui concerne les caractéristiques nutritionnelles(1). Bien que ce rapport souligne les limites des données disponibles, il constitue un bon cliché des connaissances actuelles. Voici quelques conclusions clés.


À propos des minéraux et des oligo-éléments :

“…la composition minérale des aliments issus de l'agriculture biologique ne diffère pas significativement de celle des aliments issus de l'agriculture conventionnelle. Les faibles tendances favorables observées pour le magnésium et le fer dans certains légumes biologiques ont peu de chance de se traduire par un bénéfice nutritionnel significatif, leur contribution aux apports nutritionnels demeurant insignifiante.”

A propos des vitamines:

“les données sur les variations des teneurs en vitamines selon le mode d'agriculture restent très limitées. Elles ne concernent que quelques vitamines (vitamines C, B1, B2, A, E, ß-carotène), et quasi-exclusivement la vitamine C pour les vitamines hydrosolubles. En l'état actuel des connaissances, il apparaît que, dans la majorité des cas, le mode de production biologique n'influence pas les teneurs en vitamines des matières premières végétales. Quelques tendances en faveur de l'agriculture biologique sont toutefois obtenues pour la vitamine C dans la pomme de terre. Il est donc aujourd'hui difficile de conclure de façon définitive sur l'effet du mode de production sur les teneurs en vitamines des aliments”.

Le “bio” ne semble donc pas, pour l'instant, en mesure de justifier une supériorité en terme de composition en micronutriments. Par contre, il semble en aller autrement pour certains phytomicroconstituants tels que des polyphénols, qui suscitent l'intérêt en raison de leurs propriétés antioxydantes.

Ainsi, des chercheurs de l'Université de Californie à Davis(2) ont dosé récemment les composés phénoliques dans des mûres, du maïs et des fraises produits selon trois procédés différents : sans pesticide, herbicide et engrais (bio), avec engrais uniquement (production “durable”) ou avec pesticide, herbicide et engrais (conventionnel). Leurs travaux montrent que le contenu en composés phénoliques est 19 % à 60 % plus élevé pour les végétaux élevés en “bio” ou en “durable”.

Bien que le potentiel santé de ces différences reste à évaluer, c'est probablement dans ce domaine, plus que dans celui des résidus de produits phytosanitaires, que les végétaux “bio” semblent le plus à même de faire valoir une supériorité nutritionnelle.

Nicolas Guggenbühl

Réf. :
(1) AFSSA. Evaluation des risques et bénéfices nutritionnels et sanitaires des aliments issus de l'agriculture biologique, 28 avril 2003 (disponible sur : www.afssa.fr)
(2) Asami DK et al. J Agric Food Chem 2003,51,1237-1241.

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