Par Nicolas Guggenbühl
" HEALTH & FOOD " numéro 69, Janvier/Février 2005
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Tous les chemins hypocaloriques mènent à l’amaigrissement ! Oui, mais ces chemins peuvent prendre des formes très diverses selon le régime, avec des recommandations et notamment des compositions en macronutriments très diverses.
Pour y voir plus clair, Michael Dansinger, du Tufts-New England Medical Center à Boston, et ses collègues ont évalué quatre régimes en vogue pendant 12 mois. Cent soixante patients obèses ou en excès de poids, avec de l’hypertension, une dyslipidémie ou une hyperglycémie, se sont vu assigner, de façon aléatoire, un des quatre régimes :
- Atkins (réduction drastique des glucides sans restriction des lipides)
- Weight Watchers (réduction de la taille des portions et des calories)
- Zone (riche en protéines et à faible charge glycémique)
- Ornish (réduction des lipides).
Après 2 mois d’efforts intenses, les participants pouvaient choisir eux-mêmes le niveau d’adhésion aux principes diététiques, ceci dans le but d’évaluer la compliance.
Faible adhésion
Résultats : seuls 42 % des participants de l’étude ont adhéré à leur régime pendant toute la durée de l’étude. Cette faible adhésion est plus marquée pour Atkins et pour Ornish, ce qui suggère que de nombreuses personnes trouvent ces régimes trop extrêmes. Ceux qui ont tenu un an affichent en moyenne une perte de poids qui est loin d’être extraordinaire : de l’ordre de 5 kg, soit environ 5 % du poids de départ. Mais surtout, aucune différence significative n’apparaît en fonction du type de régime suivi. Il ressort également que la quantité de poids perdu est associée au niveau d’adhésion au régime, et non au type de régime.
Du côté des paramètres liés au risque cardiovasculaire, chaque régime réduit de façon significative le rapport cholestérol total/HDL d’environ 10 %, sans effet sur la tension ni la glycémie. La diminution du rapport cholestérol total/HDL, de la protéine C réactive et de l’insuline est associée de façon significative à la perte de poids, et non avec le type de régime.
Laisser le choix
Cette étude indique qu’il n’y a pas un régime plus efficace qu’un autre, que ce soit en termes de perte de poids, ou des paramètres métaboliques. Par contre, l’adhésion au régime apparaît comme le point déterminant. Bref, ce n’est pas le fait de suivre tel ou tel régime qui compte, mais de le suivre !
On peut toutefois supposer que si les participants avaient pu choisir, parmi les 4 régimes différents, celui qui leur convenait le mieux, les résultats auraient peut-être été différents. Et l’on peut d’ailleurs se demander dans quelle mesure les professionnels de la santé ne devraient pas tenir un peu plus compte des desiderata de leurs patients, plutôt que d’imposer un régime précis.
Dans un éditorial consacré à cette étude, Robert Eckel (Université du Colorado, Denver) rappelle que si la perte de poids ne change pas d’un régime à l’autre, les praticiens devraient toutefois accorder la priorité aux régimes qui intègrent les recommandations de nombreuses instances, à savoir : majorer l’apport en fruits, légumes et céréales raffinés (ce qui exclut indirectement le régime Atkins !) et en poisson. Car à défaut de prouver que ces caractéristiques sont plus efficaces pour maigrir, elles ont le mérite d’être associées à une incidence plus faible de diabète, de cancers, de maladies cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux.
Nicolas Guggenbühl
Référence :
Dansinger ML et al. JAMA. 2005;293:43-53 et Eckel RH. JAMA. 2005;293:96-97
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