Par Nicolas Guggenbühl
News du :
12 Mars 2003
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Parce qu'il figure sur la liste des aliments riches en cholestérol, l'œuf n'a pas toujours bonne presse. Pourtant, ces dernières années, plusieurs éléments sont venus plaider en sa faveur, notamment en montrant que la consommation d'un oeuf par jour s'avère sans effet sur le risque cardiovasculaire (sauf chez les diabétiques). Voilà que l'œuf se détache du lot dans les facteurs alimentaires associés à un risque moindre de cancer du sein.
C'est une équipe de l'Ecole de santé publique de Harvard et son fameux échantillon de plus de 120 000 femmes enrôlées dans l'étude dite des infirmières qui s'est penchée sur les liens entre les habitudes alimentaires à l'adolescence et le risque ultérieur de cancer du sein. En effet, de nombreuses données amènent à penser que la période de l'adolescence joue un rôle crucial dans cette affection, qui représente la première cause de mortalité féminine en Europe et dans le monde.
Les femmes ont été interrogées sur leurs habitudes alimentaires entre 12 et 18 ans. Après avoir tenu compte d'un certain nombre de facteurs confondants (antécédents familiaux, etc.), les auteurs constatent que l'augmentation de la consommation d'œufs est associée à un risque plus faible de cancer mammaire. Est-ce attribuable à la composition en acides aminés essentiels de cet aliment, à la présence de vitamine B9 ou de vitamine D ? Mystère, toujours est-il qu'à l'analyse des nutriments, les vitamines ne montrent aucun effet particulier.
Les fibres aussi !
Autre constat de l'étude, qui cette fois rejoint d'autres données : la consommation de fibres alimentaires est aussi associée à un risque plus faible de cancer du sein. Les fibres fixent une partie des oestrogènes circulants dans le tube digestif, réduisant ainsi leur potentiel cancérigène. Par ailleurs, la consommation importante de fibres est associée à des taux de SHBG (Sex-hormone-binding globulin) plus élevés, ce qui a aussi pour effet de limiter le rôle des œstrogènes dans la genèse du cancer du sein.
Enfin, les auteurs relèvent un effet protecteur pour la consommation de graisses végétales et, au contraire, une légère augmentation du risque pour la consommation de beurre.
Précisons qu'une des limites importantes de ce genre d'étude est la fiabilité des anamnèses diététiques : il n'est pas facile de dresser un portrait fidèle des habitudes alimentaires au cours de l'adolescence sur base d'interviews réalisées chez des personnes de plus de 40 ans.
Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste
Réf. :
Frazier AL et al. Breast Cancer Res 2003. L'étude complète est accessible gratuitement à l'URL : http://www.breast-cancer-research.com/mkt/1201/info/press/bcr583.html |