Il ressemble à du gras, en a la texture, permet de cuire et de frire pour confectionner des chips et autres « doritos ». Pourtant, il n’apporte pas la moindre calorie. Qui ? L’olestra, le nom commercial d’une graisse synthétique (polyester de sucrose) autorisée aux Etas-Unis depuis 1996 (mais pas encore dans l’Union Européenne). L’olestra n’est pas disponible en tant que tel dans les rayons, mais entre dans la confection de bon nombre de snacks gras tels que chips, cookies…en version « light ».
L’olestra doit son « zéro calorie » au fait qu’il n’est pas assimilé. Autrement dit, il ne fait que transiter dans le tube digestif. La Food and Drug Administration (FDA) américaine imposait aux fabricants de mentionner, sur les paquets, que le produit pouvait provoquer des perturbations intestinales. Cette contrainte a été levée en 2003, après que les études aient montré que l’effet sur le transit était finalement peu fréquent, et peu important. Un avis qui n’est cependant pas partagé par tous…
Antinutritionnel, mais détoxiquant
L’olestra interfère avec l’absorption des vitamines liposolubles (A, D, E et K), raison pour laquelle la FDA impose un enrichissement en ces vitamines pour les produits à l’olestra. Cet effet « antinutritionnel » devient nettement plus intéressant lorsqu’il s’agit de réduire l’absorption de toxiques tels que les PCB, dioxines, DDT et autres contaminants de l’environnement.
Des chercheurs de l’école de médecine de l’Université de Cincinnati, dans l’Ohio (États-Unis), ont traité un patient intoxiqué aux PCB pendant 2 ans, avec des « Pringles » à base d’olestra. Un traitement qui aurait mis fin à une manifestation d’intoxication : la chloracnée.
Le cerveau soulagé
Ces mêmes chercheurs ont étudié l’influence de la restriction calorique sur la rétention et la redistribution d’hydrocarbures chlorés dans l’organisme. Ils ont soumis des souris exposés à un toxique marqué (le 14C-hexachlorobenzène) à des cycles successifs de régime et de gavage, avec et sans olestra.
Résultat : la combinaison « olestra + restriction calorique » multiplie par 30 l’excrétion de la toxine testée, et provoque une réduction de sa distribution dans le cerveau de 50 %.
Les travaux vont être poursuivis pour étudier plus en avant le potentiel détoxiquant de ce « piège » à PCB. Voilà qui pourrait intéresser l’ukrainien Yushchenko, dont on a appris récemment qu’il a été empoisonné aux dioxines…
Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste
Référence :
Am J Physiol Gastrointest Liver Physiol décembre 2004 (édition en ligne) |