Par Nicolas
Guggenbühl
News du :
25 Janvier 2006
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Une consommation modérée et régulière de vin est avancée comme une explication potentielle de ce que l’on nomme le French Paradox, constat d’une faible mortalité cardiovasculaire en France, malgré une alimentation plutôt riche en acides gras saturés et cholestérol. Par ailleurs, le jus de la treille, consommé dans le cadre d’un repas, est une caractéristique de l’alimentation méditerranéenne classique, dont la réputation pour la santé cardiovasculaire n’est plus à faire.
Éthanol et polyphénols
Outre l’effet bénéfique de petites quantités d’alcool (éthanol) sur les lipides sanguins (en particulier sur le cholestérol HDL ou «bon cholestérol»), commun à toute boisson alcoolisée, le vin contient des polyphénols (épicatéchine, quercétine, trans-resvératrol…). Ce sont eux qui sont supposés faire la différence avec d’autres boissons alcoolisées, mais le sujet est controversé. Toujours est-il que ces polyphénols sont présents surtout dans le vin rouge, puisqu’ils sont issus essentiellement des peaux et des pépins, rapidement éliminés lors de l’élaboration de vin blanc.
Une équipe de l’Université de Palerme, en Italie, a mené une étude auprès de 48 femmes et hommes ne buvant habituellement que peu ou pas du tout. Ils ont formé deux groupes: le premier devait incorporer, pendant 4 semaines, 250 ml de vin rouge sicilien dans leur schéma alimentaire (au cours des repas), et pendant les 4 semaines suivantes, ils reprenaient leur consommation habituelle. Le second groupe a suivi le même protocole, mais dans l’ordre inverse (consommation habituelle puis 250 ml de vin rouge).
Vaisseaux en forme
Résultats: à la fin de la période «vin rouge», les chercheurs ont observé de nombreuses modifications qui vont dans le sens d’une meilleure santé cardiovasculaire: amélioration des lipides sanguins (diminution significative du rapport entre le mauvais (LDL) et le bon (HDL) cholestérol, augmentation du HDL, diminution de l’apolipoprotéine A1), amélioration de certains paramètres témoignant de la fluidité sanguine (diminution du fibrinogène, du facteur VII), de marqueurs de l’inflammation (diminution de la protéine C-réactive, augmentation du TGF bêta-1), et augmentation statut antioxydant (diminution des LDL oxydées et augmentation de la capacité antioxydante du plasma).
Ces données viennent donc conformer la place du vin rouge en tant qu’allié de la santé cardiovasculaire. Dommage que ces recherches soient de plus en plus «orientées» vers des intérêts qui ne sont pas seulement scientifiques, comme dans ce cas-ci, où ces effets sont attribués au vin sicilien, alors qu’il en aurait probablement été de même avec d’autres vins rouges…Précisons que cette étude, pas plus que les autres, ne justifie qu’une personne qui ne boit pas se mette à consommer du vin pour sa santé.
Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste
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Référence:
Avellone G et al. Eur J Clin Nutr 2006 ;60 :41-47. |