La dénutrition touche un grand nombre de personnes à travers le monde. On estime que près de 40% des patients hospitalisés souffriraient de dénutrition. Il est donc important de pouvoir la dépister le plus rapidement possible, au vu des conséquences, tant physiologiques qu’économiques, qu’elle peut entraîner.
Instauré voilà maintenant plus de cinq ans, le Nutrition Day est une vaste opération de dépistage de la dénutrition dans les hôpitaux et maisons de repos et de soins d’Europe. Le but de cette opération est de sensibiliser le corps médical à cette problématique prenant de plus en plus d’importance dans nos pays, notamment en raison du vieillissement de la population.
En Belgique par exemple, il n’existe actuellement aucun outil d’information à destination de l’entourage médical du patient dénutri. En outre, aucune formation du personnel soignant médical ou paramédical n’est prévue dans les cursus.
Afin de récolter toutes les informations nécessaires au sondage de la dénutrition mais également à l’environnement des patients, plusieurs questionnaires ont été édités spécialement pour le Nutrition Day:
- Un premier questionnaire porte sur l’hôpital ou l’établissement de soins et reprend notamment des questions relatives au nombre de lits, au type de personnel médical travaillant dans l’établissement, à l’évaluation du statut nutritionnel dans l’établissement ou encore à la fréquence de la pesée des patients.
- Le second questionnaire concerne tous les résidents de l’unité ciblée pour le dépistage. Chaque patient de l’unité doit être repris par ses initiales et une série de données le concernant doivent être enregistrées (année de naissance, niveau de soins, sexe, consentement à l’étude, présence d’escarres, présence de troubles masticateurs, mobilité, régime alimentaire, pathologies, médication,...).
- La troisième feuille mise à disposition du corps médical pour le Nutrition Day est le Mini Nutritional Assessment, un questionnaire d’évaluation du statut nutritionnel très facile à utiliser. Comprenant seulement sept questions, il permet de jauger rapidement l’état nutritionnel du patient.
- Un quatrième questionnaire devant être rempli pour chaque patient porte sur la fréquence des visites de ces derniers, leur histoire pondérale et leur état d’appétit en fonction du temps. Ces données sont recueillies soit auprès du patient lui-même, soit auprès du personnel médical ou d’un aidant familial s’il n’est pas capable de répondre.
- Enfin, un dernier feuillet d’évaluation porte plus spécifiquement sur les ingestats de chaque patient. Il a pour but d’évaluer leur prise alimentaire au repas principal ainsi que de comprendre les raisons expliquant le fait de ne pas avoir pu terminer son assiette.
Une question porte également sur l’aide apportée ou non au patient pour consommer son assiette et sur la durée du repas.
Paradoxalement à ce que l’on pourrait penser étant donné l’épidémie d’obésité que subissent actuellement les pays industrialisés, il existe au jour d’aujourd’hui un nombre conséquent de personnes dénutries dans nos contrées.
Selon les dernières données, un patient sur quatre admis à l’hôpital serait exposé au risque ou souffrirait déjà de dénutrition et jusqu’à 90% des résidents de maisons de repos et de soins seraient également exposés au risque de dénutrition. En Belgique, une importante étude a été réalisée fin de l’année 2008 afin d’évaluer le statut nutritionnel de plus de 5.000 personnes âgées de plus de 75 ans en maisons de repos et de soins ou en hôpital.
Sur les 5.000 participants de l’étude, plus de 16% présentaient des signes avérés de dénutrition et 57% étaient à risque. A l’hôpital, entre 30 et 40% des personnes âgées présentaient des signes de dénutrition.
Lorsqu’un patient souffre de dénutrition, son organisme ne peut plus effectuer toutes les réactions physiologiques nécessaires au maintien de son fonctionnement normal. La santé du patient décline alors rapidement. Il s’ensuit une diminution de sa mobilité, de son autonomie, un risque accru de chutes et fractures, une augmentation du nombres de complications, une altération considérable de la qualité de vie du patient et pour finir, un accroissement du risque de mortalité chez ce dernier.
A côté de ces conséquences physiologiques, la dénutrition entraîne également des conséquences délétères sur le plan économique. En effet, lorsqu’un patient entre dénutri à l’hôpital, les frais engendrés par son hospitalisation sont majorés de 19% à 75% pourcents par rapport à une personne non dénutrie hospitalisée. De même, la détérioration de l’état nutritionnel au cours de l’hospitalisation entraîne un accroissement des frais de santé. En Europe, la dénutrition coûte chaque année au gouvernement européen quelques 120 milliards d’euro. En Belgique, le coût de la dénutrition représente, quant à lui, près de 400 millions d’euro par an.