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La recherche sur le cancer à l’heure asiatique ?

De plus en plus de travaux suggèrent que les isoflavones du soja sont à l’origine de la moindre incidence du cancer du sein et de la prostate en Asie. Et curieusement, le timing de l’exposition peut prendre une importance différente selon que l’on est une femme ou un homme…

Par Nicolas Rousseau

" HEALTH & FOOD " numéro 53,
Juin-Juillet 2002

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Selon le Dr Mark Messina (Loma Linda University) *, les récentes découvertes liées aux effets des isoflavones sur le cancer sont passionnantes. In vitro, à des concentrations comprises entre 5 et 50 µM, la génistéïne, l’isoflavone majoritaire et le plus puissant du soja, inhibe la croissance des cellules cancéreuses mammaires et prostatiques. Les cibles cellulaires de la génistéïne seraient multiples, mais son action pourrait également s’étendre à une inhibition de l’angiogenèse.

Très tôt chez la femme

Chez l’animal, des travaux récents révèlent que, dans le cas du cancer du sein, la période critique, pendant laquelle la prise de soja exerce ses effets protecteurs, pourrait être l’enfance.

Ainsi, lorsque l’on expose à la génistéïne des rates chez lesquelles on a induit chimiquement un cancer mammaire, on constate que l’exposition prénatale et l’exposition adulte n’ont aucun effet protecteur. A l’opposé, une absorption importante de génistéïne avant la puberté et prolongée jusqu’à l’âge adulte a un effet antitumoral significatif. Une récente étude effectuée à Shanghaï (1) conforte cette hypothèse : une diminution de 50 % du risque relatif de cancer du sein a, en effet, été observée chez les femmes ayant consommé quelque 11 g de protéines de soja (l’équivalent de 400 ml de lait de soja) par jour à partir de leur adolescence (13-15 ans). Le même apport de soja, mais cette fois à l’âge adulte, n’est par contre pas efficient.

Des études de migration révèlent enfin que cette protection disparaît lorsque des émigrants japonais vivent sur le sol américain (où l’incidence du cancer du sein est 4 fois plus élevée).

Plus tard chez l’homme

Une consommation quotidienne de soja profite également à l’homme, mais cette fois, à l’âge adulte. Dans une étude menée chez les Adventistes du septième jour en Californie (environ 12000 hommes) (2), boire une à deux fois par jour des boissons à base de soja permettait de diminuer le risque de cancer de la prostate de 70%. Une autre étude réalisée sur 8000 hommes japonais habitant Hawaï a également obtenu des résultats favorables avec la consommation régulière de tofu : une ingestion du « fromage » de soja 5 fois par semaine réduisait le risque de près de 65 %.

Le Dr Messina a également cité une étude très préliminaire montrant que les isoflavones du soja (60 à 70 mg/jour) ralentissent la progression de la maladie, une observation qui se mesure par une diminution significative des taux de PSA chez 50 à 70 % des sujets.

Malgré leur nombre encore trop faible, les données primaires indiquant une diminution du risque de développer un cancer de la prostate ou du sein avec le soja sont très encourageantes. Elles montrent combien l’alimentation, si elle est adaptée, peut faire baisser la mortalité par cancer...

Nicolas Rousseau
Diététicien Nutritionniste

* Conférence de presse « Quel rôle notre alimentation joue-t-elle dans la prévention et le traitement du cancer ? », organisée par Alpro, Genval, 4 juin 2002.

Réf.
(1) Shu XO et al. Cancer Epidemiology, Biomarkers & Prevention 2001 ; 10 : 483-488
(2) Jacobson BK et al. Cancer Causes and Control 1998 ; 9 : 553-557

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