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Politique nutritionnelle: demandez le programme !

Une conférence organisée par l'Observatoire de la Santé du Hainaut a été l'occasion pour la Belgique d'ouvrir les yeux sur le vaste programme national nutritionnel instauré en France… et le vide chez nous*.

Par N.G et E.M.

" HEALTH & FOOD " numéro 63, Janvier/Février 2004

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Les liens entre l'alimentation et la santé sont de mieux en mieux connus. Et bien que les maladies qui grignotent le plus le capital santé soient le plus souvent multifactorielles (physiologie, génétique, environnement), la nutrition est reconnue comme un levier préventif majeur. Et cela concerne des problèmes de santé publique de taille que sont les maladies cardiovasculaires, les cancers, l'obésité, le diabète de type 2, l'ostéoporose…

Il ne suffit pas de connaître ou de reconnaître l'existence de ce levier préventif qu'est la nutrition, encore faut-il pouvoir l'actionner… Ce qui pose la question suivante : comment faire changer les comportements alimentaires et le mode de vie, si bien ancrés ? Car il ne suffit pas savoir ce qu'il faut faire, encore faut-il pouvoir l'appliquer. Que peut-on envisager en Belgique ?

Cette question était au centre d'une conférence organisée récemment par l'Observatoire de la Santé du Hainaut. Le Dr Serge Hercberg, président du comité de pilotage permanent du Programme National Nutrition Santé et directeur de l'unité de nutrition et santé publique à l'INSERM, y a présenté le programme français. Deux tables rondes ont suivi, réunissant pour la première des opérateurs et consommateurs et pour la seconde des responsables politiques.

Un programme pour plusieurs profils

Nos voisins français ont élaboré un programme national visant l'amélioration de l'état de santé des citoyens en agissant sur l'alimentation. Ce Programme National Nutrition-Santé (PNNS), mis en place en 2001, fixe des objectifs prioritaires étendus de 2001 à 2005. Ils concernent des modifications du comportement alimentaire, de l'hygiène de vie et des marqueurs de l'état nutritionnel. Un logo a été créé pour reconnaître les actions et les messages provenant du programme, offrant ainsi une meilleure visibilité au niveau de la population. Mais surtout, deux excellents ouvrages ont été réalisés et distribués en masse.

Le premier, le guide alimentaire " la santé vient en mangeant " (ISBN 2-908444-80-1), s'adresse au grand public. Coloré, ludique, il regorge de conseils et d'astuces culinaires pour une meilleure alimentation. Mais sa particularité et son originalité réside surtout dans sa conception : il ne s'adresse pas à un, mais à de nombreux profils de consommateurs, par exemple une personne qui a tendance à grignoter, quelqu'un qui va souvent au restaurant, quelqu'un qui a peu de moyens financiers, un végétarien, un sportif… Autant dire que chacun peut se retrouver parmi ces 25 profils et ainsi bénéficier de conseils plus personnalisés.

L'autre force de ce guide est l'importance accordée au plaisir et à la convivialité de l'alimentation. Il n'est pas question d'interdit, mais plutôt de modération et de fréquence, ce qui est tout à fait dans la tendance actuelle. C'est ce qui encouragera peut-être certains à s'intéresser à l'équilibre alimentaire et permettra à d'autres de renouer avec la diététique, encore trop souvent synonyme de restriction.

Le deuxième ouvrage réalisé dans le cadre du PNNS est un guide alimentaire destiné aux professionnels de la santé (ISBN 2-908444-79-8). A côté de ce volet information, il y a évidemment d'autres actions : prévention, dépistage et prise en charge de troubles nutritionnels, implication des industriels de l'agro-alimentaire et de la restauration collective, mise en place de systèmes de surveillance alimentaire et nutritionnelle, développement de la recherche en nutrition humaine.

Les objectifs prioritaires du PNNS

Consommation alimentaire
- augmentation de la consommation de fruits et légumes
- augmentation de la consommation de calcium
- réduction des apports lipidiques totaux à moins de 35 % de l'AET et réduction des acides gras saturés
- augmentation de la consommation de glucides (>50% de l'AET)
- réduction de la consommation d'alcool ( max 20g /j pour les buveurs)

Marqueurs de l'état nutritionnel
- réduction de la cholestérolémie (-5%),
- réduction de la pression artérielle systolique (-10 mm Hg)
- réduction de la prévalence de la surcharge pondérale et de l'obésité.

Hygiène de vie
- augmentation de l'activité physique dans les activités quotidiennes (équivalent de 30 min de marche rapide par jour).

La Belgique en panne

Qu'en est-il chez nous ? Il n'y a pas, pour l'heure, le moindre plan national, même si l'idée fait progressivement son chemin. Certes, il y a bien des actions entreprises, mais toujours de façon relativement isolée et de courte durée. Pensons aux campagnes sur les fruits et légumes, l'activité physique, l'opération " à table les cartables "…

Il y a urgence ! C'est ce que la plupart des intervenants s'accordent à dire, en pointant surtout l'augmentation de la prévalence de la surcharge pondérale et de l'obésité. La situation est particulièrement préoccupante chez les jeunes. On voit, chez eux, ces dernières années, une augmentation de la consommation d'aliments à forte densité énergétique, une activité physique moindre et une alimentation peu structurée. Personne, lors de cette conférence, n'a remis en cause l'intérêt d'un programme national chez nous, mais il semble que la Belgique avec ses institutions ne facilite pas la réalisation d'un tel projet. En tout cas, si programme il y a, il devrait être soutenu par tous les ministères.

Le programme français et le guide alimentaire suscitent un grand intérêt auprès de la population française. Il y a donc bien une demande des citoyens pour ce genre d'initiative. Les professionnels de la santé sont aussi demandeurs de messages coordonnés et d'outils servant à relayer l'information. Il serait intéressant de s'en inspirer, d'autant qu'il concerne des voisins proches dont les habitudes alimentaires ne sont pas si éloignées des nôtres.

A quel type de consommateur avez-vous à faire ?

Nous avons tous des habitudes et comportements alimentaires différents. Le guide alimentaire du PNNS propose 25 profils de consommateurs.
- Je veux : manger, protéger ma santé…et me faire plaisir !
- La bouffe, je m'en fous
- Je prépare à manger pour ma famille
- J'ai du mal à joindre les deux bouts
- Je mange un sandwich tous les midis
- Je mange souvent au restaurant
- Je mange souvent au fast-food
- Je saute des repas, je n'ai pas le temps de manger
- Je ne cuisine pas
- J'ai tendance à grignoter entre les repas
- J'ai toujours faim
- Je n'aime pas certains aliments
- Je reçois souvent, j'aime faire la fête
- Je ne mange que des plats cuisinés du commerce
- Je me restreins pour ne pas grossir, je suis au régime
- Je mange souvent du fromage et/ou de la charcuterie
- Je raffole des aliments salés de type " apéritif "
- J'aime boire
- Je mange souvent des plats exotiques ou d'origine étrangère
- Je ne mange que du " bio "
- Je suis végétarien
- Je ne mange pas certains aliments pour des raisons religieuses
- J'ai peur de la vache folle, des OGM, de la dioxine…
- Je suis plutôt sédentaire, je ne fais pas de sport…
- Je suis plutôt sportif

N.G et E.M.
Diététici
en

* Charleroi, 10 décembre 2003

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