Health and Food
94 Hiver 2009
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Il est bien admis aujourd’hui que l’apport alimentaire revêt une importance cruciale dans la régulation des défenses de l’hôte et la prévention de toute une série de maladies aiguës et chroniques. Les observations épidémiologiques ont confirmé que l’infection peut aggraver la malnutrition et vice versa. Cependant, l’alimentation n’influence pas toutes les infections de la même manière. Ainsi, pour certaines d’entre elles, comme la pneumonie, la diarrhée d’origine bactérienne et virale,ou la rougeole, il est évident que la déficience nutritionnelle peut affecter défavorablement la clinique et le résultat thérapeutique final. Pour d’autres maladies infectieuses, au contraire, le statut nutritionnel n’a qu’un impact minimal : c’est le cas, par exemple, des encéphalites virales et du tétanos. Enfin, cette importance est modérée devant les virus de l’influenza et le VIH. C’est plutôt ce dernier qui a des répercussions majeures, à un certain stade de la maladie, sur le degré de nutrition du patient.
Immunité et nutrition
En présence d’un statut nutritionnel défavorable, les éléments les plus touchés de notre défense sont l’immunité cellulaire (la fonction phagocytaire), la production de cytokines, la sécrétion et l’affinité des anticorps, ainsi que le système du complément. Prenons un exemple frappant, celui de l’enfant de faible poids pour son âge gestationnel. Il montre déjà une atrophie du thymus et une faiblesse prolongée de son immunité cellulaire. La capacité phagocytaire de son système immunitaire est affaiblie. Il y a chez lui une réduction de l’activité métabolique et de la capacité bactéricide. Les IgG maternelles, qui représentent les principales immunoglobulines présentes dans le sang du cordon ombilical, ont un taux significativement diminué chez ce type d’enfant par rapport aux autres. Et à l’âge deux ans, ilsmontrent toujours une réduction marquée dans les taux de certaines sous-classes d’IgG et souffrent plus souvent d’infections causées par des micro-organismes possédant une capsule polysaccharidique.
Plusieurs observations ont permis d’établir un lien entre l’activation de l’immunité et les apports en vitamines A et E, en fer et en zinc. Chez l’adulte, ces nutriments semblent réduire le risque de certaines maladies et améliorer la santé. Il a été montré que chez la personne âgée, la vitamine B6, le zinc et des doses faibles de vitamine E peuvent soutenir la réponse immunitaire.
Riches en anti-oxydants
Par définition, les antioxydants sont des composés qui permettent aux cellules de se protéger contre les phénomènes oxydatifs ou les dommages causés les radicaux libres. Il a été suggéré, même si ce n’est pas formellement établi, montré que les antioxydants pouvaient conférer une protection contre les maladies de la rétine comme la dégénérescence maculaire. Parmi ceux qui nous sont les plus familiers, on peut citer par exemple la vitamine E, la vitamine C et le bêta-carotène. La supplémentation en vitamines est très populaire Elle est nécessaire en cas de carence mais il est important de rappeler l’importance primordiale d’une combinaison adéquate de ces nutriments dans l’alimentation. Une étude émanant de laTufts University de Boston (USA) a permis de déterminer les capacités antioxydantes (ORAC, Oxygen Radical Absorbance Capacity) d’une série de fruits et légumes parmi les plus consommés.(Tableau).
Contre virus et bactéries
Certains fruits représentent une source importance de vitamine C. C’est le cas des agrumes, du kiwi et des fruits exotiques (goyave par exemple). Les airelles contiennent également de la vitamine C en belle proportion. Diverses observations donnent à penser que cette vitamine agit positivement sur le système immunitaire. Ainsi, plusieurs études ont montré qu’elle peut stimuler l’activité des lymphocytes T. La prise d’importantes quantités de vitamine C (500 à 1000 mg) au moment de l’apparition des symptômes du rhume peut contribuer à en réduire la gravité et peut-être même la durée. Cela passerait par une augmentation de la production d’interféron, qui aiderait ainsi les cellules à se protéger des attaques virales. Des travaux ont révélé qu’elle peut aider fournir à l’organisme un appoint dans la lutte contre d’autres infectons encore, comme la sinusite, les maux de gorge, l’herpès labial, les aphtes, la mononucléose ou encore la cystite.
La vitamine E, présente dans les amandes, les noisettes, les graines de tournesol, les patates douces, l’huile de tournesol, les germes de blé et les avocats semble agir elle aussi sur divers paramètres du système immunitaire. Elle a permis d’induire la multiplication des lymphocytes et la production d’interleukine 2 (IL-2) et d’améliorer la réponse immunitaire aux vaccins. Des études réalisées chez l’animal ont donné des résultats plaidant en faveur de l’intérêt de la vitamine E comme soutien du système immunitaire. Par ailleurs, des personnes âgées, dont on connaît les fréquentes carences, ont reçu pour une durée prolongée des compléments de micronutriments comprenant 20 mg de zinc, 100 mcg de sélénium, 15 mg de vitamine E et 6 mg de bêta-carotène. Elles ont développé moins d’infections respiratoires que celles qui n’avaient pas reçu de tels compléments.
D’autres mécanismes
Le renforcement de ’immunité via les vitamines et antioxydants qu’ils contiennent n’est pas le seul mécanisme protecteur des fruits. On découvre de plus en plus que certains d’entre eux, comme les airelles, agissent encore par d’autres voies. Par exemple, ils empêchent l’adhésion bactérienne aux muqueuses, protégeant celles-ci contre les infections. C’est déjà utilisé dans la prévention des cystites et comme appoint au traitement.
La Rédaction
Références
Chandra RK. Nutrition and the immune system from birth to old age. European journal of clinical nutrition 2002; 56: S73-S76.
European Food Information Council (EUFIC). Pour combattre les infections hivernales.
http://www.eufic.org/article/fr/page/FTARCHIVE/artid/infections-hivernales/
Site multilingue. Consulté en décembre 2008.
Field CJ, Johnson IR, Schley PD. Nutrients and their role in host resistance to infection. J Leukoc Biol. 2002; 71: 16-32
Lee CY, Man-Fan WJ. Vitamin E supplementation improves cell-mediated immunity and oxidative stress of Asian men and women. J.Nutr. 2000; 130, 2932–2937. |