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Ce qui se cache derrière la performance

Chaque année, Nestlé réunit un aréopage de chercheurs en sciences fondamentales et en nutrition, qui font partie du gratin de leur profession. Ces cinq dernières années, les débats se sont enchaînés dans une logique remarquable, ainsi que l’a récemment exposé le Pr Bruce German, nutritionniste (USA) au dernier « Nestlé Annual International Press Day » (novembre 2007).


Health and Food

94 Hiver 2009

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Les sportifs de haut niveau dépensent des quantités phénoménales d’énergie, tant à l’entraînement qu’au cours des compétitions. C’est au point qu’il leur est impossible de compenser ces dépenses via une alimentation normale, même adaptée. C’est qu’il faut non seulement remplacer l’énergie dépensée mais encore choisir des aliments qui favorisent la performance sans engendrer de troubles de quelque sorte que ce soit. C’est la science qui résout cette équation, ce qui suppose une connaissance approfondie du métabolisme énergétique. C’était là l’objet des débats des cinq derniers « Nestlé Symposium ».

Différents dedans et dehors
Tous les individus diffèrent par leur style de vie et par leur patrimoine génétique. Ils sont donc différents dans leur métabolisme énergétique, qui est influencé par ces deux composantes de leur vie. Il existe un lieu important de la régulation de ce métabolisme : c’est le cerveau, dont la consommation énergétique est aussi élevée que celle des muscles. L’imagerie médicale a montré que nos cinq sens, tous sollicités par l’acte de manger, mettent en alerte la quasi-totalité du cerveau. Mais on commence seulement à comprendre ces processus et la manière dont s’opèrent les transferts énergétiques à notre organe central de commande. On étudie beaucoup également les mécanismes qui déterminent les choix alimentaires. On commence enfin à se rendre compte que les aliments peuvent influencer le fonctionnement cérébral et il apparaît clairement que du point de vue du cerveau, il existe de « bons » aliments – ceux qui sont capables d’améliorer de stimuler ses fonctions – et de « mauvais » aliments, ceux qui détériorent nos capacités de jugement, nos fonctions intellectuelles, notre coordination motrice, etc.. Dans l’un comme dans l’autre cas, la science est en train de découvrir que l’impact positif ou négatif de ces aliments est bien plus grand qu’on avait pu le croire jusqu’il y a peu.

A la fin, il fait trop chaud
Les sportifs de haut niveau rencontrent un problème supplémentaire, eux pour qui la bonne décision et la bonne coordination revêt une importance capitale. Mis à part le fait que la progression vers ce niveau ne se fait que pas à pas, un phénomène important a en effet été identifié comme mécanisme de limitation : c’est la thermorégulation. En même temps qu’il stimule nos muscles comme on l’a dit plus haut, le mouvement augmente la production de chaleur par notre organisme. Or, si la température du cerveau augmente, il fonctionne moins bien et les commandes centrales conduisent moins bien l’athlète vers le succès sportif. Il semble que le cerveau soit plus sensible que d’autres organes aux variations de la température qui lui sont propres. On a également de bonnes raisons de penser qu’un autre mécanisme intervient : le cerveau, percevant une température trop élevée au niveau des centres thermorégulateurs, freinerait la production de chaleur, notamment au niveau musculaire. On comprend aisément les répercussions que cela peut avoir sur la performance. Et d’autres mécanismes pourraient encore jouer.

Pas seulement dans la tête
La problématique des bons et mauvais aliments est sans doute vraie pour toutes les cellules de notre organisme et pas seulement pour nos neurones. Chez le sportif, elle s’observe dans les muscles et elle conditionne la performance et la récupération après l’effort. La biochimie devient peu à peu capable de nous expliquer comment tout cela se passe. Elle nous rappelle que la membrane cellulaire fonctionne comme une nanobatterie et que nos cellules rechargent constamment cette batterie de manière à produire de l’ATP. Pour cela, elles disposent d’un véritable moteur moléculaire, qui renforce ou freine le processus selon les cas. Et l’un des stimulus qui activent ce moteur au niveau des cellules musculaires est le mouvement. C’est ce qui fait dire aux chercheurs que si on ne mobilise pas ses muscles, on les perd (use it or loose it). La cellule qui n’utilise pas l’énergie qu’elle possède sous forme d’ATP est engagée dans une spirale délétère : non seulement elle détruit cet ATP inutilisé mais en plus s’autodétruit-elle en même temps. Le corollaire, c’est qu’il y a intérêt à se bouger régulièrement et que la masse musculaire peut être entretenue à tout âge. Et c’est le noyau cellulaire qui contrôle tout cela. L’un des grands enseignements que tirent les scientifiques de cette constatation, c’est qu’il est indispensable de maintenir une activité physique. On le savait déjà mais maintenant, on comprend mieux pourquoi. Une autre notion d’importance est qu’il faut « recharger » la batterie aussi rapidement que possible après l’effort.

Le bon compromis
Il faut donc trouver un compromis entre une bonne alimentation de notre cerveau et nos muscles (fourniture de carburant) et des aliments qui n’augmentent pas trop la production de chaleur. La notion de bonne alimentation dépend non seulement des choix alimentaires mais encore du moment de la prise de nourriture et du type de sport pratiqué. Il n’y a pas deux situations identiques. Pour en revenir aux sportifs de haut niveau, toutes ces notions ont conduit à la mise au point par Nestlé d’aliments solides ou en gel (choix déterminé par le type de sport et le moment de la prise) de haute densité énergétique, contenant essentiellement du glucose et du fructose en proportions adéquates. Ces aliments sont réservés à la crème du sport international et leur utilisation doit s’adapter à chaque sportif en particulier. Michael Phelps, qui dépense 12.000 calories par jour à l’entraînement, s’en est fait … le champion.

La Rédaction

Références

D’après la conférence du Pr Bruce German (USA) à l’Annual Nestlé Press Day (Vevey, novembre 2008).
 

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